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dimanche 7 février 2010

NICOLAS écrit à la plume

Nous parlions de plumes pour écrire avec Nicolas, l'un de mes petits-enfants.
Le dernier des trois garçons.
[Ce qui me fait sept petits-enfants si vous comptez bien : les quatre filles dont j'ai déjà parlées
et les trois garçons. Ajoutez encore Shahan (bienvenu en arménien) qui est lui, mon arrière petit-fils.
Vous voyez.]
Donc nous parlions plume. Oui, me dit-il. Les plumes d'oiseau?
Oui et non, rétorquè-je. Je veux parler moi de plumes en fer que l'on trempent dans des encriers qui contiennent un liquide, l'encre.
Ah! ça je sais pas! répondit-il.

J'ai donc sorti de boîtes que je tiens jalousement dans un secrétaire
plein de merveilles de ce type :
plumes de toutes sortes pour la calligraphie et le dessin,
ainsi que porte-plume des plus variés.
J'ai ouvert des encriers d'encres de couleurs.
Et mon Nicolas s'est exercé à écrire avec ces instruments de torture
pour écoliers du temps jadis.
Le papier qu'il avait attrapé à la va-vite sans crier gare buvait.
Bon! voilà les premiers pâtés! un mot qu'il découvrait.
Des pâtés? Mais ça exige du buvard! Un autre mot, un autre outil qu'il découvrait.
 Puis, comme il est la gentillesse personnifiée, au lieu du message que je lui proposais
(Je vous invite à mon mariage.)...
... il écrivit ce que vous lisez et alla le porter à chaque membre de la famille présent
en disant que le facteur leur apportait cette lettre.
C'était une invitation. Une invitation à un festin qu'il rêve de nous concocter
car il se lance dans la cuisine.
Pour hier soir, sa grand-mère avait déjà tout préparé,
notamment des artichauts très tendres farcis au bruccio
(un fromage confectionné et cuit à partir du petit lait de brebis).
On verrait pour demain.
Il a malgré tout réalisé un plat ; il y tenait.
Ce fut une salade pour moi qui mange très peu le soir, potage et salade verte.
Mince! Je me voyais manger ma salade alors que les autres allaient se taper
leur artichaut farci au bruccio, ce fameux fromage mythique du pays de sa grand-mère!
Il prit une grande assiette, des feuilles coupées de salade.
Il ajouta des rondelles de tomate ainsi que des éclats de feuilles d'endive.
Que pouvait-il ajouter encore? Je lui suggérais d'agrémenter le tout
par quelques olives noires de Nice dont je rafolle.
Il acquiesça volontiers car cet ingrédient lui permettait de donner une touche esthétique
à sa composition qui se trouvait, par ce léger détail,  achevée.
Il  m'apporta lui-même cette assiette  de la cuisine à la salle à manger.
(J'avais pris la précaution auparavant d'assaisonner moi-même son chef-d'oeuvre.)

Savez-vous? je n'ai jamais mangé une aussi bonne salade composée!
La tomate n'avait pas était rincée, les feuilles d'endives encore moins
et pourtant si vous saviez le délice que ce fut!

Mais il  faut vous dire que j'ai craqué.
En le voyant se délecter de l'artichaut préparé par sa grand-mère,
j'ai réclamé ma part de ce complément royal
à son assiette d'amour.

Comme c'est l'amour et la tendresse qui nous guérissent,
ce matin, à cinq heures dix,
ma glycémie n'était que de 0,91.

J'attends maintenant mercredi, jour du poissonnier sur le marché de Digne,
le prochain plat de Nicolas.
Il a, parait-il, une de ces recettes de poisson formidable!
Mais tu l'as où? a demandé sa mère. Sur une fiche, un livre?
Non, non, a-t-il répliqué. Là, dans un coin de ma tête.

Ah! que j'aimerais entrer sous ce front si doux pour découvrir les trésors
qui se préparent sous sa tignasse blonde.

4 commentaires:

  1. Quel merveilleux récit de la vie ordinaire, mais qui transpire l'Amour !

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  2. nicolvig merci parce que j'ai écrit ces mots ce matin en n'attendant qu'une chose : qu'il se réveille, ébouriffé de la nuit.
    Que va-t-il encore nous offrir aujourd'hui?

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  3. j'ai connu pas pour longtemps les stylos à encre et les porte-plume qui bavaient
    une torture aux extrêmes mais qui portait ses fruits
    m'as tu lu dans les hauts de hurle-vents?
    c de là que vient mon premier enseignement
    je fonds encore de respect
    bises à toi et à Nicolas
    que Dieu te le garde!

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  4. Il est précieux ton commentaire pendant ces moments où j'accompagne cet enfant qui grandit à chaque instant.
    Dans notre promenade en forêt de cette après-midi pendant laquelle il cherchait des chemins fous, nous entendons un chien qui portait des clochettes accrochées à un harnais. Nous restons dans l'expectative. Mais son maître apparaît au bout du chemin couvert d'une neige glacée. Il appelle l'animal, lui met sa laisse. Nous engageons la conversation. Nicolas reste prudent, perché sur un accident de terrain. L'homme me dit qu'il est bénévole au chenil municipal et qu'il vient certains jours prendre des chiens pour les promener. Celui-ci est un chien de traîneau, solide, qui tire celui qui le tient en avant.
    Le chien va vers Nicolas. L'homme lui dit de tendre la main ouverte, en signe d'accueil. Le chien renifle. Voilà Nicolas inscrit dans la mémoire olfactive du chien qui dorénavant le reconnaîtra.
    J'étais le plus heureux d'avoir été présent à ce nouvel apprentissage de l'enfant: "tends la main ouverte à l'autre et tu seras reconnu comme un ami".
    C'est bien ce que tu fais, Lilia! Merci de me tendre la main.

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