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samedi 26 janvier 2013

COMPLICES (bonnes pages)

Mon real polar intitulé COMPLICES est chez un éditeur spécialiste du roman noir. Je n'ai aucun espoir. Ils vont le lire et j'en tremble. Malgré tout, chose promise, chose due, je vous glisse sous le manteau aujourd'hui deux à trois pages de ce roman.

Nous sommes au tout début, dans les premières pages. La première de mes héroïnes, Diane Bérangeon, vient de relever le courrier. Elle le transmet à son époux hémiplégique depuis quinze ans et ne pouvant plus parler.  Elle a mis de côté une lettre lui étant adressée à elle personnellement. Elle n'en a pas parlé à son mari.

Elle déposa en tas tous ces papiers sur une petite table accessible depuis le fauteuil dans lequel Arthur passait ses journées. Au même instant, la lettre revint à son esprit : qui pouvait bien lui écrire ? Avec ses filles, les contacts se faisaient par téléphone, à la rigueur par e-mails. Sa cousine d’Orléans n’écrivait jamais ; un coup de fil de temps en temps pour avoir des nouvelles. Elle se dit qu’il fallait qu’elle trouve le temps dans les moments qui allaient suivre pour décacheter cette lettre.

Et puis mince, la préparation du repas de midi attendra. Elle s’assura qu’Arthur était branché à sa télé, le regard un peu vide devant la magnificence du grand écran que ses filles lui avaient offert pour la Fête des Pères cette année. Il n’avait que ça pour le relier au monde. D’ailleurs, c’était une excellente façon de l’occuper. Diane laissait la porte ouverte du petit salon attenant à la cuisine dans lequel ils se trouvaient, lui et sa télé. Elle pouvait s’assurer ainsi que rien d’anormal ne se produisait et lui pouvait se tenir au courant de l’avancement ainsi que de la nature du repas aux bruits et aux fumets qu’il percevait provenant de la pièce voisine.

Elle ouvrit le tiroir du buffet, prit la lettre et s’adossa au meuble pour découvrir à son aise le contenu de la missive. 

Un couteau de cuisine qui traînait là lui facilita la tâche. Elle n’avait pas de hâte. Elle prenait son temps comme pour déguster encore plus l’attente en la prolongeant. Donc, pourquoi se précipiter sur l’enveloppe, la déchirer sans précaution ? Elle n’aimait pas ce désordre que créaient sur les tables des enveloppes de courrier déchirées à la main. Le couteau laissait par contre une fine déchirure sur le papier qui n’altérait en rien l’objet. Le contenu pouvait y être glissé après lecture, retrouver son écrin et on pouvait presque penser ensuite que la lettre n’avait même pas été ouverte pour garder son secret.

Quel était précisément le secret contenu par l’enveloppe que tenait en main Diane ? Sans trembler pour autant, elle se disait que c’était étrange cette lettre qui lui était nommément adressée. Un peu d’émotion la gagnait à être reconnue comme personne autonome par rapport à son époux. Tant de plis arrivés par courrier postal ne faisaient d’elle que l’épouse de M. Arthur Bérangeon. Bien sûr, elle avait conscience d’exister en tant que personne dans la vie de chaque jour. Très vite après son mariage elle s’était procuré des occasions qui lui avaient permis de conquérir une certaine indépendance dans le domaine des relations sexuelles. Mais cela restait dans l’ombre, dans le secret. Une lettre à son nom qu’apportait le facteur était comme la reconnaissance officielle de son existence propre.

Elle glissa délicatement la pointe du couteau de cuisine entre le rabat qui la cachète et l’autre face de l’enveloppe, là où elle a été pliée et collée : il s’y trouve toujours un faible bâillement qui permet l’intrusion d’une lame pointue. Et, sans geste brusque, presque lentement, après avoir trouvé le passage, elle fit avancer la lame. Délicatement car, et si c’était la lettre d’un amoureux ? Elle ne voudrait pas le blesser … . Elle pensa qu’elle était ridicule d’avoir encore de ces idées-là à son âge.

Voilà, l’enveloppe pouvait maintenant laisser entrer deux doigts qui permettrait à Diane d’extraire la feuille de papier qu’elle contenait. Aucun parfum apparemment ne s’exhalait. Une lettre simplement administrative alors ? Voyons. Tapée à la machine, ou plutôt non : transcrite par une imprimante après avoir été rédigée sur un ordinateur. Une entête à gauche composée d’un titre : COMPLICES, comme s’il s’agissait d’une entreprise. Et oui, effectivement c’était bien une entreprise qui lui écrivait, puisque la missive commençait par Chère Diane Bérangeon, notre entreprise … .

Diane leva la tête, prête à ne pas poursuivre la lecture de la lettre tant elle était déçue d’avoir cru à une surprise heureuse. Pourtant, instinctive comme elle l’était, se serait-elle trompée ? L’émoi qu’elle avait ressenti depuis qu’elle avait trouvé cette enveloppe dans sa boîte l’aurait-elle induite en erreur ? Habituellement ce trouble agissait sans jamais faillir. Elle l’avait vérifié dans maintes circonstances. Elle dressa presque avec lenteur la lettre devant elle, la tenant à deux mains pour bien en apprécier l’allure, la construction. Oui, c’était une lettre administrative, du moins dans son allure, son style. Mais son contenu, lorsque Diane en eut la révélation, la fit chercher vivement une chaise pour y trouver refuge.

En voici le texte :

Chère Diane Bérangeon,

Notre entreprise « COMPLICES » s’adresse à vous comme à tous ceux qui rencontrent des problèmes semblables à celui qui vous préoccupe actuellement. Nous sommes là pour vous aider à mettre un terme à vos tourments.
Vous savez de quoi nous voulons parler. Il est temps pour vous d’agir si vous voulez profiter des dernières belles années qui vous restent à vivre. Nous pouvons vous faire des propositions. Mais nous n’en dirons pas plus aujourd’hui car, bien sûr, votre discrétion et la nôtre sont le garant de la réussite de notre entreprise.
Si vous voulez connaître notre proposition, allez sur votre boîte numérique. Vous y avez un mail qui vous attend.
Nous vous souhaitons une bonne soirée.

La Direction de COMPLICES.

Stupéfaite ! Diane était stupéfaite ! Muette, pétrifiée, sans voix, sans réaction. Qui l’avait démasquée ? Qui connaissait ses pensées les plus profondes, le désir immense qu’elle avait de se libérer, de se débarrasser d’un poids énorme à ce moment même de sa vie ?"

vendredi 25 janvier 2013

à Patricia Kass


J'adore Patricia Kass avec sa voix éraillée, chaude et qui s'approche beaucoup de celle des ladies du jazz du type Billie Holliday. La misère, les douleurs, les épreuves de la vie traînent dans ces voix. Mais elles sont tellement aussi chargées d'humanité. Tout cela m'est venu brusquement en tête il y a cinq à six jours que je me suis jeté sur le premier papier venu pour tracer presque d'un seul jet cet hommage à Patricia dont une des plus belles chansons s'intitule : Mademoiselle chante le blues.

jeudi 24 janvier 2013

Chatte sur un mur brûlant

Dans le précédent message, le texte accompagnant les photos des chatons était illisible. En voici une nouvelle mouture.


Chatte sur un mur brûlant
jeudi 24 janvier 2013
06:59

J'ai vécu quinze jours, en juillet 2010 en Corse, voisin d'une chatte sauvage qui avait mis bas dans la maison jouxtant la nôtre. Dans cette maison écroulée depuis des décennies et jamais reconstruite, la bête avait pensé avoir trouvé un refuge sûr pour ses chatons. Loin de la gent humaine dont elle se tenait à distance, sauvage comme elle l'était et, de plus, réfractaire à toute domestication.
Lorsqu'en bébés curieux les chatons montrèrent enfin le bout de leur nez rose, ils firent des apparitions fugaces et craintives. Très vite pourtant ils s'enhardirent toujours un peu plus loin de leur couche natale située sous un grand mur. La mère se mit à les gronder d'un grognement profond et terrifiant dont on n'aurait jamais cru capable cette petite femelle efflanquée.

Lorsqu'elle s'approchait de chez nous, elle s'étonnait d'abord de voir du monde dans cette maison voisine de la sienne. Cette maison n'était-elle pas fermée habituellement? Ah mince! Voilà que sa cache devenait repérable! Son choix pour accoucher n'avait pas été parfait. Elle avait failli! Elle en adressait d'autant plus de remontrances à ses chatons qu'ils n'étaient pour rien dans ce choix. Cherchant plus loin encore un autre bouc émissaire, elle me rendait responsable du dérangement qu'elle subissait. Elle eût désiré sans doute que je déménage, m'éloigne de ces lieux qui étaient siens depuis qu'elle y avait eu ses petits. Je sentis que j'étais un intrus, moi, les miens, tous les membres de la famille qui avions pignon sur rue ici depuis que les ancêtres de mon épouse avaient fait construire cette maison en 1751.

Remontant la rue en escaliers qui la conduisait jusqu'à son antre, m'apercevant sur la petite terrasse si fraîche l'après-midi cet été-là, elle s'immobilisait, prête à fondre sur l'impudent toutes griffes dehors. Son grondement devenait féroce alors qu'il pouvait prendre des accents attendris, raisonneurs, lorsqu'elle l'adressait à sa progéniture. Ses yeux, ses yeux surtout, comme des boules de feu prêtes à jaillir de ses orbites, se rivaient aux miens et, impérieusement, m'adjoignaient de la respecter.

C'était pourtant ce que je faisais! Hélas, j'avais cru bon, à la voir flancs creusés, mamelles gonflées, regard enfiévré, d'accompagner la faible ration de lait maternel qui devait devenir chaque jour plus réduite, de croquettes pour chatons nouveau-nés. Geste condamnable, geste colonisateur, geste insupportable par la fière mère qui tenait à élever seule ses enfants, loin des compromissions culturelles et esclavagistes de l'Homme.

Elle déménagea sa petite famille pendant toute une nuit durant en évitant chiens, renards, couleuvres, humains attardés: six mignons chatons, tous différents. Je compris alors que cette chatte, ardente et passionnée, avait dû connaître plusieurs partenaires lors de l'ovulation qui prépara la naissance de mes petits voisins. D'ailleurs, je connaissais dans le quartier des papas balafrés de ces si charmants chatons que je saluais respectueusement depuis que je savais quel courage il leur avait fallu pour monter une telle femelle.
Je me suis demandé longtemps après s'il ne fallait pas utiliser cet exemple pour expliquer le comportement sexuel d'autres mammifères, en l'occurrence ceux constituant l'espèce humaine. Cette espèce se divise pour l'instant en hommes et en femmes. On sait que l'homme est souvent accusé par la femme de lui faire l'amour sans trop prendre garde à ce qu'elle attend d'un rapport sexuel qui reste malgré tout une relation amoureuse. L'homme n'aurait pour objectif que l'éjaculation libératrice de tensions très masculines alors que la femme souhaiterait que le coït se prolonge, dure, s'étale pour qu'elle puisse prendre tout son plaisir dans un orgasme qui se prolonge. Il est curieux aussi de noter que d'un côté l'homme soit généreux de par le nombre de spermatozoïdes qu'il libère alors que la femme est économe de ses ovules dont elle n'a qu'un stock limité.

Ainsi, même si dans des situations de pluralité sexuelle une femme se donnait à plusieurs partenaires au moment où elle traverse une ovulation, il n'y a que peu de chances de la voir mettre au monde neuf mois plus tard un enfant rouge, un enfant jaune et un enfant noir. Il serait vain pour cette femme de tenter de concurrencer ma petite voisine, la chatte sauvage sur un mur brûlant.

Toutefois, cette histoire et la réflexion que j'en ai tirée, me conduisent à relever que dans le comportement sexuel, la femme et l'homme sont dotés de possibilités archaïques opposées qui remontent à leurs ancêtres très lointains. Archaïques parce que ces possibilités ne correspondent plus aux mammifères humains que nous sommes devenus. Le mâle parmi d'autres mâles se devait d'être rapide alors que la femelle face à la pluralité des mâles prenait son temps pour les accueillir. Cette opposition entre les "styles" sexuels masculin et féminin n'est plus de mise aujourd'hui. Et c'est peut-être ce qui explique les tensions que l'on constate entre hommes/femmes.
A moins que l'Evolution travaille déjà à harmoniser le comportement sexuel masculin sur celui de la femme. Auquel cas, on pourrait mieux comprendre pourquoi le poète Louis Aragon  a pu dire que la Femme était l'avenir de l'Homme.

 Georges Lautier

Chatte sur un mur brûlant




Chatte sur un mur brûlant
jeudi 24 janvier 2013
06:59

J'ai vécu quinze jours, en juillet 2010 en Corse, voisin d'une chatte sauvage qui avait mis bas dans la maison jouxtant la nôtre. Dans cette maison écroulée depuis des décennies et jamais reconstruite, la bête avait pensé avoir trouvé un refuge sûr pour ses chatons. Loin de la gent humaine dont elle se tenait à distance, sauvage comme elle l'était et, de plus, réfractaire à toute domestication.
Lorsqu'en bébés curieux les chatons montrèrent enfin le bout de leur nez rose, ils firent des apparitions fugaces et craintives. Très vite pourtant ils s'enhardirent toujours un peu plus loin de leur couche natale située sous un grand mur. La mère se mit à les gronder d'un grognement profond et terrifiant dont on n'aurait jamais cru capable cette petite femelle efflanquée.

Lorsqu'elle s'approchait de chez nous, elle s'étonnait d'abord de voir du monde dans cette maison voisine de la sienne. Cette maison n'était-elle pas fermée habituellement? Ah mince! Voilà que sa cache devenait repérable! Son choix pour accoucher n'avait pas été parfait. Elle avait failli! Elle en adressait d'autant plus de remontrances à ses chatons qu'ils n'étaient pour rien dans ce choix. Cherchant plus loin encore un autre bouc émissaire, elle me rendait responsable du dérangement qu'elle subissait. Elle eût désiré sans doute que je déménage, m'éloigne de ces lieux qui étaient siens depuis qu'elle y avait eu ses petits. Je sentis que j'étais un intrus, moi, les miens, tous les membres de la famille qui avions pignon sur rue ici depuis que les ancêtres de mon épouse avaient fait construire cette maison en 1751.

Remontant la rue en escaliers qui la conduisait jusqu'à son antre, m'apercevant sur la petite terrasse si fraîche l'après-midi cet été-là, elle s'immobilisait, prête à fondre sur l'impudent toutes griffes dehors. Son grondement devenait féroce alors qu'il pouvait prendre des accents attendris, raisonneurs, lorsqu'elle l'adressait à sa progéniture. Ses yeux, ses yeux surtout, comme des boules de feu prêtes à jaillir de ses orbites, se rivaient aux miens et, impérieusement, m'adjoignaient de la respecter.

C'était pourtant ce que je faisais! Hélas, j'avais cru bon, à la voir flancs creusés, mamelles gonflées, regard enfiévré, d'accompagner la faible ration de lait maternel qui devait devenir chaque jour plus réduite, de croquettes pour chatons nouveau-nés. Geste condamnable, geste colonisateur, geste insupportable par la fière mère qui tenait à élever seule ses enfants, loin des compromissions culturelles et esclavagistes de l'Homme.

Elle déménagea sa petite famille pendant toute une nuit durant en évitant chiens, renards, couleuvres, humains attardés: six mignons chatons, tous différents. Je compris alors que cette chatte, ardente et passionnée, avait dû connaître plusieurs partenaires lors de l'ovulation qui prépara la naissance de mes petits voisins. D'ailleurs, je connaissais dans le quartier des papas balafrés de ces si charmants chatons que je saluais respectueusement depuis que je savais quel courage il leur avait fallu pour monter une telle femelle.
Je me suis demandé longtemps après s'il ne fallait pas utiliser cet exemple pour expliquer le comportement sexuel d'autres mammifères, en l'occurrence ceux constituant l'espèce humaine. Cette espèce se divise pour l'instant en hommes et en femmes. On sait que l'homme est souvent accusé par la femme de lui faire l'amour sans trop prendre garde à ce qu'elle attend d'un rapport sexuel qui reste malgré tout une relation amoureuse. L'homme n'aurait pour objectif que l'éjaculation libératrice de tensions très masculines alors que la femme souhaiterait que le coït se prolonge, dure, s'étale pour qu'elle puisse prendre tout son plaisir dans un orgasme qui se prolonge. Il est curieux aussi de noter que d'un côté l'homme soit généreux de par le nombre de spermatozoïdes qu'il libère alors que la femme est économe de ses ovules dont elle n'a qu'un stock limité.

Ainsi, même si dans des situations de pluralité sexuelle une femme se donnait à plusieurs partenaires au moment où elle traverse une ovulation, il n'y a que peu de chances de la voir mettre au monde neuf mois plus tard un enfant rouge, un enfant jaune et un enfant noir. Il serait vain pour cette femme de tenter de concurrencer ma petite voisine, la chatte sauvage sur un mur brûlant.

Toutefois, cette histoire et la réflexion que j'en ai tirée, me conduisent à relever que dans le comportement sexuel, la femme et l'homme sont dotés de possibilités archaïques opposées qui remontent à leurs ancêtres très lointains. Archaïques parce que ces possibilités ne correspondent plus aux mammifères humains que nous sommes devenus. Le mâle parmi d'autres mâles se devait d'être rapide alors que la femelle face à la pluralité des mâles prenait son temps pour les accueillir. Cette opposition entre les "styles" sexuels masculin et féminin n'est plus de mise aujourd'hui. Et c'est peut-être ce qui explique les tensions que l'on constate entre hommes/femmes.
A moins que l'Evolution travaille déjà à harmoniser le comportement sexuel masculin sur celui de la femme. Auquel cas, on pourrait mieux comprendre pourquoi le poète Louis Aragon  a pu dire que la Femme était l'avenir de l'Homme.

 Georges Lautier


dimanche 20 janvier 2013

COMPLICES 1° de couverture

Pour aujourd'hui, vous aurez la première de couverture de mon dernier roman intitulé COMPLICES. C'est un real polar, c'est-à-dire un roman policier dans lequel on assiste en direct aux meurtres en temps réel. Roman policier, si l'on veut car, la police n'y a que peu de place. Elle est évoquée, uniquement parce que souvent elle est appelée pour constater la mort par "suicide" ou par accident. Le reste du temps la mort est seulement constatée par un médecin qui accorde le permis d'inhumer. Ah, oui! Dans une seule circonstance une enquête sera menée par la gendarmerie et le dossier d'ailleurs restera ouvert. Mais je ne relate pas dans le détail  les interrogatoires. Je passe vite là-dessus comme si je ne voulais pas mêler la police à des crimes dont je préserverais l'intimité. Je situe mon roman dans une région dont je ne donnerais pas ici le nom. Mais c'est une région assez mystérieuse, particulière au point de vue géographique et qui grouille de secrets inviolés. Je voulais donc que mes victimes soient assassinées sans trop de bruit. Dans ce pays de chasses, les braconniers sont nombreux. Et les actions conduites par mes personnages ressemblent un peu à des traques, à des pièges illégaux. Ils restent dans l'ombre. On ne défraye pas la chronique avec des morts qui sont violentes certes, mais qui se font très vite oubliées.

La première de couverture d'aujourd'hui vous présente un titre, un sous-titre et le nom de l'auteur. Le fond est préparé avec des pétales de roses Sweetness, rose qui joue un rôle dans le roman. Je fais sécher les pétales de ces roses, puis j'en couvre la vitre de mon scanner. Je réalise ensuite des fichiers que j'imprime ou non. Pour cette couverture, les pétales étaient bien fanés. C'est pour cela qu'ils sont jaunissants, et même d'un brun auburn. Mais le rouge/rose qui orne irrégulièrement les pétales est tout de même encore visible.
Pendant que j'ai écrit ce roman, j'ai toujours eu une de ces roses Sweetness sur le bord de mon évier, à la cuisine. Chaque fois que je la renouvelais chez ma fleuriste, je lui disais qu'un nouveau meurtre venait d'avoir lieu dans mon livre. Elle s'est intéressée à mon travail. Sans doute est-elle bonne commerçante ... .

Automne 99


J'avais composé cette musique à l'automne 1999. Or, aujourd'hui, alors que la France courbe le dos sous des averses continues de neige, la Provence est copieusement arrosée. Digne est triste et noire. La campagne rappellerait l'automne si l'on ne prenait pas garde au fait que les arbres à feuilles caduques ont déjà perdu leurs feuilles. C'est donc l'hiver ; mais un hiver qui ressemble à l'automne.

La musique est accompagnée par des photos d'Agathe Lautier, ma petite fille qui a 14 ans. C'était Noël et elle étudiait quelques cadrages sur des sujets dans le genre de ceux qu'elle photographiera sitôt qu'elle aura trouvé le reflex numérique qui lui conviendra. Le cadeau de Noël pour cette demoiselle cette année c'était  donc un bel appareil photo. Toute la famille s'est cotisée. Ce que vous allez voir est assez prometteur.

samedi 19 janvier 2013

On s'accommode


dimanche 20 janvier 2013
07:45

On s'accommode, on s'accommode à tout, vous savez. Montesquieu nous le recommandait déjà lorsqu'il écrivait dans ses "Cahiers" : "Cherchons à nous accommoder à cette vie ; ce n'est point à cette vie à s'accommoder à nous."

Ainsi on s'accommode à ces deux vertèbres lombaires qui se chevauchent et vous obligent à sortir du lit très tôt le matin lorsque la douleur devient insupportable. Mais à cela, voyez-vous, on s'accommode. On s'accommode parce qu'on n'y peut rien … à moins de prendre un abonnement quotidien chez un ostéopathe. Ah! si vous vous accommodiez à ce que de mauvaises bactéries viennent s'installer dans votre estomac pour finir par le grignoter tout cru, vous seriez idiot car, aujourd'hui, ce mal peut être combattu en huit jours par des antibiotiques.

Alors pourquoi s'accommoder, s'accommoder toujours de vexations, de vilenies, de vacheries sournoises, d'une St Valentin sans baisers, d'une virilité évanescente, ou même d'un semblant de vérité? Parce que vous êtes accommodant, mon vieux! Et que vous êtes l'as de la fuite domestique. Si vous savez trouver des accommodements aux positions tranchées de votre beau-frère, vous êtes bon prince. Si vous êtes devenu aisé à vivre, c'est que vous avez su mettre un éteignoir sur votre ego et que, si vous le laissez gonfler, c'est en cachette, dans des productions que vous vous figurez avoir une valeur artistique.

Eh, oui! Vous êtes devenu traitable : c'est un mot qui existe mais qui vous ruisselle sur la gueule, non? Ah! Vous vous cachez! Cachez-vous donc, jusqu'à devenir complaisant. N''est-ce pas ce que l'on attend de vous?
Quittez donc vos humeurs d'acariâtre, de vieux grognon, d'insociable, d'intraitable, d'intransigeant et, même, de pointilleux, voire de susceptible. Ah! Surtout : ne devenez pas tranchant! Vous feriez croire que vous avez de l'orgueil. C'est avec ce mot que l'on cloue le bec à ceux qui rêvent d'un monde meilleur.
Accommodez-vous.

Deux roses Sweetness



La première de ces deux roses est celle qui illumine encore à l'instant le coin de l'évier de ma cuisine.
La deuxième était prête à se pencher, vous savez comment font les roses : juste au-dessous de la corolle, la tige devient faible et elles s'inclinent alors pour nous tirer leur révérence d'un triste geste silencieux.
C'est elle que j'ai "épilée", en prenant délicatement chaque pétale entre le pouce et l'index. Et c'est alors que j'ai ressenti ce contact qui m'a donné le frisson. J'en ai parlé dans le texte précédent.

Les roses Sweetness sont mes préférées depuis que je les ai utilisées dans mon dernier roman intitulé  "COMPLICES". En effet, dans ce roman, une rose de ce type est adressée pare le service Florajet à l'individu qui avait intérêt au crime qui vient de se produire. Dans le roman, quatre de ces roses ont été adressées ainsi. Une cinquième aurait dû l'être également car, il se trouve que ce roman compte cinq meurtres. Mais c'est là qu'est la faille de l'organisateur grand ordonnancier qui manipule les êtres qui ont adhéré à ses propositions.

Curieuses propositions d'ailleurs. Chaque meurtrier échange son crime contre celui d'un autre et effectue ensuite un crime dans lequel il n'a aucun intérêt en jeu. Croiser les assassinats afin que l'on ne retrouve pas la piste du meurtrier décide ceux qui hésitaient encore à passer à l'acte.

Certaines bonnes pages de ce roman seront postées sous peu. J'adresserais volontiers à ceux qui m'en feraient la demande un exemplaire e-book de ce roman, à condition qu'en échange je puisse recevoir des commentaires. Nous échangerions car, c'est vrai on étouffe tout seul assis sur son blog.
Me contacter à mon adresse e-mail : georges.lautier56@orange.fr

vendredi 18 janvier 2013

Deux roses! Oh! mon DELIRE!


Deux roses dans un vase, un vase à section carrée, long comme un cou de danseuse étirée sur ses pointes. J'en ai toujours une au moins, là, au coin de l'évier en inox qui réchauffe la froideur du métal.
L'une se fanait, l'autre la regardait périr peu à peu.
Pour sauver cette fleur attendrissante avec son air penché, je me suis dit qu'il fallait, très vite avant qu'elle jaunisse, épiler ses pétales, les coucher sur du papier absorbant et les presser sous de gros livres. Stupeur! En manipulant la fleur, j'eus comme l'impression délicieuse de froisser un tissu de soie, un tissu intime au milieu duquel j'aurais cherché un chemin de mes doigts.
Un trouble me prit bien que je parvienne à mes fins : dénuder la rose. Ainsi démantelé, ce qui était un objet de fièvre ne fut plus qu'un matériau presque banal. En effet, je fais sécher des pétales de roses dont je recouvre ensuite la vitre de mon scanner. J'obtiens ainsi des fonds secrets pour mes délires. Car je dessine à l'encre de chine sur divers tirages que je renouvelle en déplaçant les pétales, en changeant de type de roses. J'ai un faible pour la Sweetness. D'un blanc pâle, ses pétales sont tâchés irrégulièrement de sang, comme si la rose s'était approchée de trop près d'une lame effilée.
Mon trait devient aventure, les méandres du dessin que m'offrent les pétales couchés ôtent de mon esprit toute idée précise et je me perds parfois. Je n’ai jamais été trop adroit pour atteindre la grotte embaumée où glisser mes ardeurs. Quel délice d'ailleurs de se laisser guider par une main amie!

Mais aujourd'hui, loin de ces réalités passées, je vais rester longtemps frissonnant de ce touché humide de pétales cueillis à la gorge même d'une rose au contact de soie.




jeudi 17 janvier 2013

Je sais lire, pas seulement des romans


Moi aussi je sais lire. Je lis dans les gestes, les propos que l'on me tient, la façon que l'on a de me parler. Je lis aussi bien dans les rictus que dans les sourires glacés, dans les attitudes que dans le port de tête, l'inclinaison du regard, la pression des lèvres ou les moues méprisantes. Je lis en toi comme dans un livre ouvert et j'ai su quand tes yeux me revenaient avec ces plis que l'on doit à l'explosion du plaisir.
J'entends aussi, tiens! J'entends ton être qui joue à éloigner le mien et le ton de ta voix qui me cingle. J'entends ton pas marteler le sol alors qu'il pourrait glisser et être prémices à un bras de toi passé tendrement et par surprise autour de mon cou pour l'enlacer et le faire frémir d'émoi.
Je sais lire dans ta vie comme tu la mènes aujourd'hui, en faisant croire que tu n'as aucun dépit, aucun regret, plus aucune espérance ; que tu t'accommodes de ce que je ne saches pas lire les romans, de ce que je devienne vieux.
Je sais lire lorsque tu veux par quelques mots te dispenser d'un discours explicatif et détaillé qui m'anéantit de non-dits que je perçois pourtant. Car, je sais lire, j'entends et je vois. Mais je ne sais plus fuir ; je reste prisonnier de souvenirs qui font mon aujourd'hui. J'ai baissé ma garde, je ne veux plus combattre.
La fin de la vie doit-elle être le temps de l'anéantissement? Faut-il, tout à coup, mesurer l'inanité de l'existence en un instant? Si encore on mourrait ébloui par cette vérité subite!

mercredi 16 janvier 2013

Après Pelléas et Mélisande

Bravo pour la musique de Debussy. Bien interprétée, irisée comme un étang au coucher du soleil. En fait, comme il la voulait : semblable à une oeuvre de peintre impressionniste de son temps. Ma fille (c'est elle qui nous avait offert les places) qui assistait aussi au spectacle m'a fait cette remarque, très juste : ces musiciens dans leur fosse, on ne les voit pas. Sinon leur chef qui ne montre que l'envers de sa tête. La musique qui nous parvient dans ces conditions semble être celle d'une bande enregistrée. Elle est même étouffée. Mais, lui ai-je répliqué, l"opéra c'est ainsi. Ce n''est pas l'orchestre qui est premier, mais ce qui se passe sur la scène. Les chanteurs, les actions qui se succèdent sont ceux sur quoi on veut que le spectateur porte son attention.
Or, dans le Pelléas et Mélisande d'hier soir - sans doute cela tenait-il à la mise en scène - on eût préféré se contenter de la musique de Debussy. Le texte de Maeterlinck venait presque comme un artefact couvrir les musiciens. D'ailleurs, l'argument n'était pas clair. Le langage, loin d'être littéraire. On se demande pourquoi Debussy est allé cherché un tel texte, amphigourique et pédant, pour le bercer vainement de sa musique. Il n'en devient pas meilleur. Et même, le contraste entre les deux est si flagrant que l'on n'a plus qu'une envie après avoir assisté aux cinq tableaux de l'oeuvre, c'est de pouvoir écouter la création du musicien sans celle du librettiste.
Il faut pardonner à Claude Debussy de s'être fourvoyé dans cette galère : Maeterlinck était un poète renommé dans la cohorte des poètes symboliques de l'époque. Il eut même le Nobel de littérature. La notoriété, ça peut tromper son monde.

Malgré tout la soirée fut agréable. L'Opéra de Nice, un théâtre à l'italienne, fait un peu vieillot mais il a du charme. A l'entracte, on pouvait se restaurer debout. J'y ai vu beaucoup de vieilles personnes friquées, femmes en vison, messieurs avec des boutonnières garnies s'en mettre plein la lampe en buvant du champagne. Ma fille notait ses observations quand à la faune qui nous entourait. Elle devait renseigner son mari, un agrégé sociologue émule de Bourdieu qui, hier soir à l'Opéra de Nice, n'aurait pas arrêté d'écarquiller ses yeux.

mardi 15 janvier 2013

À l'opéra de Nice

Ce soir, au milieu des intempéries touchant jusqu'à la Côte d'Azur, nous allons à l'Opera
L'Opera de Nice oû l'on donne Pelleas et Melisande de Claude Debussy. Nous serons loin de la guerre, celle que mène notre pays au Mali
Pour Noël, notre fille vivant à Grasse nous a offert deux places pour la première représentation
Je rapporterai peut-être demain, ici, quelques impressions! L'orchestre est celui de Nice
Le chef, je ne le connais pas, les chanteurs non plus. Qui sait? Je serai peut-étre surpris. Tant mieux et je vais en profiter car, le lendemain, il me faudra reprendre la route avec sans doute de la neige partout, partout. Mais pourquoi s'inquiéter avec quatre pneus neufs alpins de chez Michelin?
Ah! Tellement deçu de voir revenir les manuscrits refusés de SCHOOL FICTION et de COMPLICES par les grandes maisons d'éditions françaises, j'ai attrapé qui traînait chez moi HOME de Toni Morrison. Mon épouse venait de le terminer. Bien sûr, j'en ai pris un coup, un coup de vieux ou un coup tout simplement? Une sincérité, un naturel pour des histoires de femmes et d'hommes souffrant. Une humanité que l'on ne dit jamais noire mais que l'on sait avoir été maltraitée.

Je ne voulais plus écrire. Mais je vais en essayer encore un, comme elle si je peux. Elle m'a redonné confiance et surtout le désir de dire, de raconter les douleurs des hommes et des femmes. Les douleurs pour mieux s'extasier sur les joies lorsqu'il s'en trouve.

Je salue bien les promeneurs qui passent de temps à autre sur le Bd du DÉLIRE!



samedi 12 janvier 2013

2013


J'ai fait en sorte, cette année, de ne pas présenter mes vœux. Cette pratique me paraît de plus en plus conventionnelle et stérile. D'ailleurs, ne relève-t-elle pas de la pure superstition? Elle est même incantatoire dans la bouche de certains : ils implorent le sort de vous protéger, de vous accorder - surtout! - la santé.
Et puis tous ceux qui, une fois par an se souviennent que vous existez, après avoir fait un beau geste en achetant la carte qu'ils vous adressent à des handicapés qui peignent avec les pieds, ne vous ignorent-il pas tout le restant de l'année?

Pourquoi, à une date précise, le premier jour d'un nouveau calendrier, se souvenir de ceux qui comptent pour vous? Faut-il faire une habitude de notre sollicitude ou bien une vigilance?
Le souci de sociabilité ne nous ferait-il pas tomber dans la convenance la plus grégaire?

Et puis ces vœux répétés depuis des années arrangent-ils quelque chose à notre condition? Non, et c'est la preuve qu'ils sont vains. Attendez donc plutôt de vos proches qu'ils soient plus réalistes, plus combattifs et qu'ils se débarrassent de ce qui embue leur conscience.
Qu'ils prennent enfin leur destin en mains.

Georges LAUTIER