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mercredi 16 janvier 2013

Après Pelléas et Mélisande

Bravo pour la musique de Debussy. Bien interprétée, irisée comme un étang au coucher du soleil. En fait, comme il la voulait : semblable à une oeuvre de peintre impressionniste de son temps. Ma fille (c'est elle qui nous avait offert les places) qui assistait aussi au spectacle m'a fait cette remarque, très juste : ces musiciens dans leur fosse, on ne les voit pas. Sinon leur chef qui ne montre que l'envers de sa tête. La musique qui nous parvient dans ces conditions semble être celle d'une bande enregistrée. Elle est même étouffée. Mais, lui ai-je répliqué, l"opéra c'est ainsi. Ce n''est pas l'orchestre qui est premier, mais ce qui se passe sur la scène. Les chanteurs, les actions qui se succèdent sont ceux sur quoi on veut que le spectateur porte son attention.
Or, dans le Pelléas et Mélisande d'hier soir - sans doute cela tenait-il à la mise en scène - on eût préféré se contenter de la musique de Debussy. Le texte de Maeterlinck venait presque comme un artefact couvrir les musiciens. D'ailleurs, l'argument n'était pas clair. Le langage, loin d'être littéraire. On se demande pourquoi Debussy est allé cherché un tel texte, amphigourique et pédant, pour le bercer vainement de sa musique. Il n'en devient pas meilleur. Et même, le contraste entre les deux est si flagrant que l'on n'a plus qu'une envie après avoir assisté aux cinq tableaux de l'oeuvre, c'est de pouvoir écouter la création du musicien sans celle du librettiste.
Il faut pardonner à Claude Debussy de s'être fourvoyé dans cette galère : Maeterlinck était un poète renommé dans la cohorte des poètes symboliques de l'époque. Il eut même le Nobel de littérature. La notoriété, ça peut tromper son monde.

Malgré tout la soirée fut agréable. L'Opéra de Nice, un théâtre à l'italienne, fait un peu vieillot mais il a du charme. A l'entracte, on pouvait se restaurer debout. J'y ai vu beaucoup de vieilles personnes friquées, femmes en vison, messieurs avec des boutonnières garnies s'en mettre plein la lampe en buvant du champagne. Ma fille notait ses observations quand à la faune qui nous entourait. Elle devait renseigner son mari, un agrégé sociologue émule de Bourdieu qui, hier soir à l'Opéra de Nice, n'aurait pas arrêté d'écarquiller ses yeux.

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