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mercredi 28 septembre 2011

Le plus heureux des auteurs

Lisez ci-dessous la lettre qu'hier j'ai adressée à mon éditeur, Mon Petit Editeur, une filiale du Petit Fûté.

J'ai trouvé une petite librairie à Gap qui accepte de recevoir en dépôt 5 exemplaires de mon roman MONTER LA VIE A CRU. Comment cela peut-il s'organiser? Je n'ai pas bien compris comment fonctionne votre offre "Le Pack Dépôt". Il faut que l'auteur achète une grande quantité de livres sans doute.



Par "Mon Compte", je sais que vous avez en stock une trentaine d'exemplaires. Cinq de ces exemplaires ne pourraient-ils pas rejoindre cette librairie qui porte le nom charmant de "Au coin des mots passants" 15, rue Grenette 05000 Gap. Le téléphone est : 04 92 52 48 69. Ils ne sont ouverts que le mardi et le samedi. Il s'agit d'une librairie gérée par une coopérative. J'ai eu un contact téléphonique avec la directrice, Mme Sylvia PERONE.


A la rigueur, je pourrais leur apporter 5 exemplaires des 10 ouvrages que vous m'avez cédés avec une remise de 20%. Mais la librairie demandant 30% pour elle, je perdrais de l'argent à vendre ainsi mes livres. Je m'y résoudrais cependant car, je me suis engagé avec ces gens-là.


Quelle proposition pouvez-vous me faire?

Eh bien! Figurez-vous qu'aujourd'hui j'ai reçu un mail de la personne chargée de la diffusion de mon bouquin. Et que me dit-elle? Qu'elle a pris contact avec cette librairie et qu'elle va déposer en dépôt chez eux cinq exemplaires de MONTER LA VIE A CRU!
J'ai cru rêver! Quel bonheur de savoir que là-haut, dans les Hautes-Alpes, il va y avoir une librairie qui va placer sur ses rayons ce roman que j'ai du mal à faire vivre.

Je ne me décourage pas. J'ai appris sur France Musique qu'un jeune violoniste exceptionnel des pays nordiques est venu récemment à Paris pour tenter une expérience. Il a joué dans un couloir du métro plus d'une heure divers morceaux du répertoire classique. Personne n'y a apporté attention. Les gens passaient indifférents. Il a recueilli seulement une petite somme, une somme qui payait à peine son voyage de retour en train dans son pays.

Mes cinq exemplaires, s'ils se vendent tous, ne me rapporteront même pas de quoi payer mon voyage en automobile de Digne jusqu'à Gap. Mais que je serais heureux de rencontrer mes lecteurs car, ne faut-il pas du courage pour oser lire MONTER LA VIE A CRU? J'ai récemment eu une lectrice qui me disait lire mon roman dans la région parisienne en le lisant dans les transports en publics. Elle craignait toujours que les voyageurs se trouvant dans son dos parviennent à découvrir ce qu'elle lisait. Elle en aurait eu honte! Mais elle l'a tout de même lu jusqu'au bout. C'est qu'il y a bien d'autres choses dans ce roman que des horreurs qui peuvent scandaliser les pudibonds!
Faites-vous un jugement. Commandez MONTER LA VIE A CRU sur Amazon, chez votre libraire ou bien directment chez l'éditeur : www.monpetitediteur.com/librairie.

Bonne nuit!

lundi 26 septembre 2011

Poème d'antan

Point n'est liberté le fait d'être à l'extérieur des grilles.


Les grilles sont le passage ; et de part et d'autre, symétriquement, des contraintes, des menottes aux mains.

La liberté, c'est peut-être d'être embroché tout en haut, à cheval sur la pointe des grilles.



Georges Lautier 02/03/1963

dimanche 25 septembre 2011

L'école est un droit (chanson de Georges Lautier)


Nous vivons des temps où l'un des saluts ne pourra venir que de l'école.

samedi 24 septembre 2011

L'étude est comme un gel fixateur

L'étude est comme un gel fixateur de l'histoire. L'avancée que l'on y gagne, on la perd en solidification des savoirs. Accumuler des ritournelles, les réinterpréter n'en fait pas créer de nouvelles. Conserver en mémoire numérique dispense d'exercer la sienne. Thésauriser des graines les empêche de germer. Il en est de même des situations fermées qui conduisent au confinement.


Contrairement, les situations nouvelles impliquent un avant, un avant qui peut être fait d'histoire, de savoirs solides, de ritournelles dont les schèmes ont été intégrés. Même des graines ou des molécules peuvent un jour rencontrer des conditions favorables pour se reproduire ou entrer dans la composition d'organismes nouveaux.

Autrement dit, rien ne naît vraiment du néant. Certes, cela est connu. Mais pour l'individu qui se trouve au carrefour d'appétits qui l'entraînent autant à augmenter l'espace de ses acquis qu'à créer de nouveaux être (que ces êtres soient artistiques, logiques, philosophiques, biologiques, etc), le temps passé aux uns nuit aux autres, et réciproquement. L'univers des harmonies de Bill Evans est incontournables pour qui veut saisir le jazz de John Coltrane. En même temps, cet univers se présente comme historique, c'est-à-dire fixé.

Si donc l'œuvre nouvelle implique une avancée, ces éléments préalables ne sont souvent que des cadres, des ressorts, des moteurs, des tremplins. S'il s'agit d'accumulation en amont de l'œuvre nouvelle, c'est d'accumulation générative dont il s'agit. Chomsky avait parfaitement trouvé l'adjectif ad hoc pour définir la grammaire qu'il avait mis en évidence.

Le processus d'engrammation-création par l'enfant des éléments de son langage expose en fait tout à fait ce qui se réalise dans les autres domaines de l'activité créatrice humaine.

Il n'y a qu'à observer le jeune enfant construire sa langue pour apprendre comment faire une chanson, esquisser un pas de danse, dessiner une arabesque.

mercredi 21 septembre 2011

Petite chambre

En Corse, l'été, j'occupe une petite chambre. J'y travaille lorsque tous sont dehors, à la plage ou à courir dans le village. Je lis et souligne ce qui me paraît important à analyser, à retenir, à discuter. Je dessine, j'écris. J'ai le temps devant moi, le soleil dans mes yeux. Je rêve et suis souvent nostalgique des années où, pendant les vacances, je préparais le script d'un spectacle de cirque que nous allions donner dans l'année qui allait s'ouvrir à la rentrée. J'étais pressé de vivre, de mordre à belles dents les jours.
Aujourd'hui, dans cette chambre, sobre, bien rangée, traîne une odeur de linge bien tenu. Les murs sont ocre vif, couleur que j'ai choisie pour m'apporter ses vibrations. Je l'ai peinte ainsi pour que ceux qui la visitent disent : "Il fallait oser!"
Que pourrais-je encore oser qui ferait dire aux gens : "Qu'est-ce qu'il va encore tenter, ce vieux fou!"

Voici la chambre. La chambre vide, sinon visitée par le vent qui cherche à me jouer un tour.

Poèmed'antan

Je n'aime pas les poètes qui ont préféré être poètes
plutôt qu'ambassadeur, pape, ministre ou banquier.

Je n'aime que les poètes qui n'ont pu être poètes
parce qu'ils étaient bergers, bouchers, ouvriers ou employés.

                                                                                        sans date

dimanche 18 septembre 2011

Pourquoi les Giovanelli?

Les Giovanelli, pratiquement exterminés en Alésani au XIV° siècle parce que hérétiques, ne périrent pas tous sous les coups de l'armée que le Pape avait levée contre eux. Certains purent échapper au massacre. Ils profitèrent de la complicité d'autochtones qui leur montrèrent un col tout en haut de cette vallée permettant de passer dans la vallée voisine en évitant ainsi de descendre la rivière et risquer de rencontrer leurs ennemis.


Rejoindre ensuite les bords de la Mer Tyrrhénienne fut assez facile à un groupe constitué d'hommes, de femmes et d'enfants, tous porteurs de croyances et d'une foi qu'ils ne voulaient pas voir réduire à celles prônées par la religion catholique romaine. Ils s'embarquèrent pour le continent en faisant en sorte de ne pas rejoindre les côtes italiennes qu'ils longèrent un moment pour remonter ensuite la Mer Adriatique et parvenir dans les Balkans.
Là, ils rejoignirent le peuple Rom, un peuple également rejeté, comme ils l'étaient eux-mêmes. Ils parvinrent à se couler parmi eux, à se faire admettre en leur sein sans être vraiment assimilés à eux. C'est pour cela qu'on appela leur tribu, les Shroms. Ils vécurent les mêmes difficultés, subirent les mêmes pogroms sans perdre jamais ce qui leur était spécifique.

Quel lien avec le roman intitulé SCHOOL FICTION ? Dans ce roman qui se situe en 2079, l'un de mes avatars, Hunt Gram, est un homme "augmenté" âgé de 145 ans. Les Services de l'Education Publique viennent de le réquisitionner pour assurer la scolarité dans la classe unique où il avait débuté en 1954. Cette classe est rouverte après être restée longtemps fermée. Mais on a trouvé près de ce village une poche de pétrole et on l'exploite en faisant venir d'un pays de l'Est des Roms pour effectuer les travaux de terrassement. Hunt est chargé de leur enseigner notre langue, de leur inculquer les valeurs qui fondent notre pays. Une autre personne s'occupe de l'instruction religieuse.

C'est alors que l'on constate que leurs croyances s'opposent sur certains points à la doctrine officielle, catholique et romaine. On découvre que ce sont des Shroms, et non des Roms. Hunt fait immédiatement la relation avec les Giovanelli. Il prend le parti des Shroms. Cependant, il a de tels problèmes qu'il doit fuir.

Il est alors chargé, par un groupe de scientifiques en rébellion avec lequel il travaille, d'instruire un dossier qui sera présenté à la Cour Internationale des différends religieux afin que le peuple Shroms soit reconnu Peuple appartenant au Patrimoine de l'Humanité. Il ira donc sur place dans l'île de la Méditerranée où commence l'histoire de ce peuple, non seulement pour conduire son étude, mais aussi pour échapper au gouvernement de son pays qui a le projet d'assimiler par tous les moyens les travailleurs immigrés afin de satisfaire son électorat.

samedi 17 septembre 2011

La recherche qui m'occupe aujourd'hui


J'ai quitté le village où j'ai passé plus d'un mois et demi cet été en ayant fait une découverte sensationnelle dans les derniers jours de mon séjour. Il s'agit d'un élément capital pour le roman que je suis en train d'écrire. Un vestige d'une tour Giovanelli dont les photos (0363, extérieur) (0367, intérieur) que j'ai réalisées le jour de mon départ se trouvent ci-dessus.


Nous circulions lentement en voiture sur une route très peu fréquentée au-dessous de Perelli en Castagniccia lorsqu'une croix évidée dans le mur d'une ruine attira mon attention. Vous voyez distinctement cette croix sur la première photo. Avouez que sa forme est particulière. Ma femme s'exclama à mon côté : "Une meurtrière!" En effet, la deuxième photo prise dans un axe opposé montre bien la place que prenait celui qui était placé derrière cette meurtrière pour défendre l'édifice.

Les Giovanelli n'étaient rien moins que des moines franciscains appliquant strictement les préceptes de François d'Assise. Ils sont à rapprocher de ceux que Umberto Eco met en scène dans son roman Le nom de la rose qui a fait l'objet d'un film tourné par Jean-Jacques Annaud. Ils étaient opposés aux sacrements et notamment celui du mariage. On les accusait pour cela de comportements sexuels sataniques.

Leur groupe avait pris naissance en Corse du Sud. Ils y furent persécutés et s'enfuirent vers le Nord de l'Île dans une vallée étroite, celle de l'Alésani.

C'est dans cette vallée qu'est située la maison natale de mon épouse. Nous nous y rendons chaque été depuis 45 ans. Et c'est cette année que je me suis aperçu, après l'avoir découverte tout à fait par hasard au détour d'un virage, que nous pouvions apercevoir cette tour en ruine depuis Terrivola, le hameau où nous habitons .

Casale, le hameau où se dresse l'ancienne tour, est de l'autre côté de la vallée. Nous n'y allons que très rarement et c'est tout à fait fortuitement que ce jour-là nous passions par là.

Or, travaillant à la rédaction d'un nouveau roman après MONTER LA VIE A CRU, j'avais besoin d'avoir à ma disposition quelques éléments concrets concernant les Giovanelli dont je connais depuis longtemps l'existence. Je vais placer dans cette tour un épisode capital du roman qui va s'achever là, alors qu'il commence dans le village où j'ai enseigné en tant qu'instituteur de classe unique débutant, mais sur le continent. Ce nouveau roman a pour titre SCHOOL FICTION. Il n'a rien à voir avec le premier cité qui est toujours en vente chez AMAZON, que vous pouvez aussi commander chez votre libraire ou directement chez l'éditeur : www.monpetitediteur.com

Dans ma prochaine contribution à ce blog, je vous indiquerez les raisons qui me font terminer mon nouveau roman dans cette vallée isolée et difficile d'accès à la rencontre du passé des Giovanelli.

mercredi 7 septembre 2011

Retour aux bases

Que sont ces bases? Des habitudes, des pratiques ritualisées, toute une vie quotidienne à faire, refaire, défaire. Mais les bases sont si sécurisantes : vous savez où vous mettez les mains, où vous ferez glisser vos pieds. Il nous arrive de fermer les yeux et de nous déplacer en surfant sur les bases. Tant de repères nous guident. Les parfums, les bruits, les contacts de notre peau contre d'autres peaux.
Les bases? Les revoici, les revoilà avec leurs seins dorés, leur bouches goulues qui nous absorbent. Je me disais bien que l'inattendu, que le hasard, que la terreur de devoir s'aventurer en terre inconnue cesserait sitôt que je serais happé par la gueule grande ouverte de ce grand corps connu, reconnu qui chaque septembre nous ramène sur un continent placide. Le "Pascal Paoli", cargo pour lequel j'ai composé de la musique électronique (cf. plus bas dans le blog) m'a vu m'ensommeiller pendant qu'il remontait le long du Cap Corse. Tout drôle, le cap : pendant que sur la mer le ciel était vierge, la montagne au contraire s'emmitouflait de brume laiteuse. Elle préparait l'hiver, elle sombrait dans un contre-jour qui gommait les reliefs. Le soleil se couchait derrière sa croupe, limant tout trait, tout contour.
Toute une nuit passée à dormir sans frayeur par-dessus des abîmes et une arrivée matinale à Marseille, sous le sourire affectueux de la Bonne Mère.
J'étais rentré de Corse. Et je suis avec vous ; d'aujourd'hui à combien encore?