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dimanche 28 octobre 2012

REGATES

Claque vent tempête

fils tendus parce que gonfle la voile de mes espoirs

Drisse crisse hisse
le mât de ma jeune gloire enflammée

Secoue mord coupe
la langue du vent salé d'embruns rouges

Lisse file glisse
la lame de mon bateau geignant

Monte haute au combat
mon envie d'îles d'écume


Georges Lautier

              Poème d'antan

vendredi 26 octobre 2012

à Paul Ricard

L'homme - vert,

l'homme tempête,
l'homme - soulève cieux
l'homme - écarte tonnerre,
l'homme parmi les hommes-foule
qui fabriqua l'île ensoleillée
comme il avait fabriqué sa liqueur dorée ;
qui ordonna aux taureaux
comme il avait ordonné à la chance ;
qui sut forger son nom
comme il avait forgé un désir aux hommes.

L'homme - stèle en son temps,
l'homme - boule de feu,
l'homme trident levé
qui ne pouvait être autrement que porteur à bout de bras
de tant de choses faites, de tant d'objets créés, de tant d'hommes éclairés
puisque dépositaire de ces millénaires d'actes et d'échanges
que l'on voit venir battre en des vagues rebondies d'amphores
sur les rivages qui nous ont nourris
et qui portent les empreintes de luminescentes trirèmes.



Georges Lautier

en hommage à Paul Ricard (l'inventeur du pastis)
qu'il a connu à sa table du Mas de Méjanes
en Camargue.

                 Poème d'antan

mardi 23 octobre 2012

Poème d'Automne

Un instant grandi par une vie différente

on garde comme une aigreur morose
à la perte absolue et définitivement infinie.

On cherche alors dans des musiques, au recoin d'un bois,
par le biais d'un sourire,
à recréer le mystère.

Mais tout reste clos : paupières, lèvres, bras.

On referme ses mains sur du sable qui glisse
et l'on écoute en son arbre
           craquer les pleurs
      du peu de fibres qui restent
      enfermées dans le souvenir.

                 Poème d'antan



Georges Lautier

samedi 20 octobre 2012

après SCHOOL FICTION

School Fiction est le titre de mon dernier roman, celui que j'ai terminé cet été en Corse. Pourquoi en Corse? Parce que la deuxième partie, fantasmée elle aussi comme le reste du roman, se situe dans l'Alésani, une région se trouvant en pleine Castagniccia, au sud de Bastia et accessible par la plaine orientale que baigne la mer Tyrrhénienne. Bien évidemment, je travestis une fois de plus le lieu où se passent les aventures de mes héros et la région de l'Alésani devient, dans le livre, l'Alécastina. Ainsi, tous les noms de lieux, de personnages se trouvent déformés. Je tâche malgré tout à garder le caractère original des appellations. Il m'arrive même de conserver - mais très rarement - un nom usité dans la réalité. Par exemple, dans School Fiction, le nom de l'une de mes mules est Bionda, une mule qui avait réellement appartenue au grand-père de mon épouse qui est native de l'Alécastina, non je me trompe : de l'Alésani.


Vous voyez, j'en arrive à tellement vivre avec mes héros que je suis prêt constamment à passer dans la fiction. Et quelquefois je déraille, je saute d'une voie à l'autre, prenant un train pour l'autre. Ce dérèglement plus ou moins maîtrisé de la personnalité me permet d'échapper aux convenances, aux conformismes, à une vie sociale pas toujours très excitante.

Mon "School Fiction" m'a quitté en sept exemplaires chez des éditeurs de science fiction car, en effet, le livre flirte avec ce domaine littéraire, mon personnage étant un homme augmenté. Dans le livre il a quelques 145 ans, il est doté d'une quantité extraordinaire d'outils et de possibilités qui, même en 2079, font sensation.

Mais j'ai déjà commencé à assembler des éléments pour un troisième roman que je veux être celui-là à ranger dans la catégorie des policiers. Il va se passer dans un pays qui ressemblera à la Sologne, région que j'ai visitée il y a deux ans et sur laquelle je collecte des informations. Bien sûr, je vais lire Raboliot, le roman de Maurice Genevoix. Ou peut-être pas car, je veux construire le monde dans lequel vont se dérouler les crimes qui vont y être commis. Ce que je vais garder c'est le climat de la Sologne, les paysages, l'impression que l'on s'y déplace de façon feutrée et toujours un peu secrète et mystérieuse comme le font les chasseurs. En effet, en Sologne, on roule sur des routes et des chemins vides, sans jamais voir d'humain. Sans jamais voir l'eau qui pourtant est partout et vit sous la végétation. Un pays où le crime se prépare dans le silence, où la cruauté est celle de la chasse, où l'on ne sait pas d'où viennent les coups alors que des corps tombent pourtant et alimentent la curée.

J'ai tout un monde à édifier en y plaçant mes petits soldats qui ensuite se feront une guerre haineuse. Vous pouvez me souhaiter du bon temps à jouer à ce jeu. C'est dans ce monde parallèle que j'ai découvert la meilleure façon de libérer mes tendances schizophrènes. Merci.

jeudi 18 octobre 2012

Au-delà

Au-delà d'un monde sanglant et rouge

se cache l'étincelle vers laquelle je tends.
A tendre les bras vers elle, je m'épuise,
je liquéfie ma pensée,
je me déverse en espérance folle.

Mais j'ai l'impression d'avoir touché la bonne porte
d'un doigt à peine effleurant.
Ni ses cheveux, ni son rire ne sont à ma portée
mais je construis un rêve
qui pour l'instant est un puzzle.

Va s'effaroucher mon oiseau sauvage
par ce que je suis de farouche
et de révolté, d'explorateur de l'extrême?

J'hésite encore à serrer ma proie
dont le cœur palpite à peine
sous son manteau de plumes.

Georges Lautier



                        Poème d'aujourd'hui

mercredi 17 octobre 2012

L'Automne

L'automne nous voit préparer le jardin pour l'hiver. Il faut couper, tailler mille choses, cueillir et ranger bois, fruits et autres outils qui ne serviront pas pendant la froidure.


Les haies profitent comme chez le coiffeur d'une coupe de rafraîchissement. On s'applique à les tailler bien droites, rectilignes.

L'ardeur et le temps que l'on met à cet ouvrage nous font gagner comme une satisfaction. Qui rassure bien sûr et c'est bien pour cela que nous agissons sans nous douter que le bonhomme hiver nous prépare quelques-uns de ses bons tours qui nous feront déchanter aux premières primevères.

Mais quelle chance de saisir ainsi la nature dans ses mains et de sentir battre sa pulsation et ses rythmes qui changent et nous ravissent aux quatre coins des saisons.

Le retour à des pratiques simples ne nous ouvrirait-il pas un chemin de sagesse? Le contact avec la nature ne pourrait-il pas nous offrir un exutoire pour oublier nos peines et nos soucis?

L'automne à la campagne a cela de bon qu'il nous apaise en calmant la violence de nos sentiments et de nos réactions. Ramasser des feuilles mortes, les faire brûler avec ce que l'on a coupé des haies sont des travaux qui s'étagent au long d'une journée que l'on prend ainsi le temps de vivre. C'est un hivernage paisible qui se prépare… ou bien un hivernement, comme l'on dit au Québec.

mardi 16 octobre 2012

Poème d'antan

Un soleil tourne en appels lumineux.
La voix revenue d'un état harmonique
reste accrochée à la source initiale.

Je reconnais le timbre, je reconnais les mots.
Mais les lèvres et les yeux sont prisonniers des distances.

Un continent nous écartèle.
Aucun train pour longtemps ne rejoindra nos doigts.

                Poème d'antan
(réactualisé en ce temps d'aujourd'hui)

dimanche 14 octobre 2012

L'ISOLEMENT

Alphonse de Lamartine a pu écrire dans son poème "L'isolement":
"Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé."

Pensez-vous qu'il soit raisonnable pour une vieil homme d'adopter l'attitude romantique du poète pour s'avouer esseulé parce qu'un seul être lui manque? Et si encore cet être était réel! Il n'est pourtant que virtuel.
Mais ne sommes-nous pas gagnés par le vertige numérique qui nous fait croire vivre alors que nous ne  faisons qu'espérer?