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samedi 24 novembre 2012

ECRIRE

J'écrivais le 28 mai 2010 dans mon agenda :


"Je vis symétriquement deux vies à la fois. Celle que j'ai quotidiennement avec Josiane et celle que je fabrique pour Zelma. Deux blondes qui n'ont pas le même âge. L'affection que je peux avoir pour l'une gagne à la passion que j'ai pour l'autre. C'est extraordinaire ce que l'écriture d'un roman permet. Pour moi, écrire me plonge dans un état d'exaltation et d'ouverture , d'appel à l'imagination créatrice qui me soulève, qui transcende mes soixante-seize ans. Je suis aussi jeune que mon héros, Hunt, que je ne ferai pas vieillir dans ce livre.

J'adore avec fougue les femmes qui sont mes héroïnes : mon épouse vieillie et son double resplendissant. Ma vie est dans le roman et le roman dans ma vie. C'est cela aussi pour moi "MONTER LA VIE A CRU".



Je relis ce texte aujourd'hui 25 novembre 2012. On comprendra qu'écrire un roman est devenu ma drogue, le lieu de l'exercice libre de mon être. Je me projette sur mes personnages et eux-mêmes m'habitent tout au long des jours qui voient le texte grandir et se complexifier.

Depuis la parution de MONTER LA VIE A CRU, j'ai écris SCHOOL FICTION ou l'Homme augmenté. J'ai commencé la rédaction d'un troisième roman dont le titre est COMPLICES. Un polar, celui-là car, je compte bien pouvoir explorer tous les types de romans, jusqu'au roman épistolaire. Pourquoi pas?

jeudi 22 novembre 2012

28/07/1999 - Camping de la Plage - Algajola

Pour la première fois de ma vie, un livre que je venais d'acheter s'est perdu lui-même. Il s'est perdu pour ne pas rester en ma possession.


J'avais voulu aller voir cette fête du livre corse, place Pascal Paoli à l'Île Rousse ce 28/07/1999. J'y ai vu le fameux chanteur corse Antoine Ciosi vendre son bouquin de souvenirs d'enfance, d'autres encore essayer de fourguer à l'honnête touriste un peu lettré leur prose ou leur vers.

"Fourguer" leurs vers , précisément, c'est ce que faisaient deux bonnes octogénaires placées en bout de la file des étals. J'ai ressenti un parfum connu, comme celui d'Andrée D. (autre octogénaire) pour laquelle je me suis commis à mettre en musique certains de ses textes pour lesquels je n'éprouve aucune attirance. Le même feu dévorant pour intéresser les autres à ce qu'elles produisent. Editées à compte d'auteur, leurs plaquettes doivent être vendues coûte que coûte. C'est la raison de ces foires aux livres, qu'elles soient corses ou autres, dans lesquelles ces auteurs de pacotille tentent de vendre leur produit.

La première de ces deux vieilles femmes se disant poétesses avait devant elle quelques petits livres qu'elle me montra en déclarant d'un air emphatique : "C'est de la poésie!". Le piège s'était refermé sur le pauvre idiot que je suis. Je lui pris pour 70 francs (10 euros) son dernier paru, moitié corse, moitié français. Qu'elle dédicaça avec frénésie d'une écriture tremblante et enfantine.

Sa voisine m'allécha ensuite avec un poème très artistiquement imprimé sur un grand format, presque enluminé et pour lequel elle venait d'avoir un prix, l'un de ces prix multiples que chassent les poètes du dimanche. J'achetai aussi cette page, me la fit envelopper et avisa un banc sur la place aux palmiers pour ranger mes achats dans mon sac à dos. C'est là que c'est produit mon acte manqué … ou réussi : je ne trouvai plus la plaquette ! Pour 70 francs, c'est payé cher la tentative d'évasion du piège que m'avaient tendu les deux vieilles dames qui écrivaient de la poésie. J'avais égaré la plaquette et gardé seulement le poème enluminé dont le titre était KALISTE, nom que les Grecs antiques avaient donné à la Corse tant ils l'avaient trouvée belle.

Comme un trophée de guerre, je ramenai ce poème à ma belle-mère corse lorsque nous rentrâmes au village après un séjour au bord de mer. Cette vieille dame qui n'écrivait pas de poésie fut pourtant enchantée de l'attention que j'avais eu pour elle et son pays. Elle fit un sous-verre de cette ôde gorifiant son île natale.

Je délaisse mon blog

Oui, je délaisse mon blog ces temps-ci. Mais l'automne est si beau! Je le soigne, je le dore, je le peins de ses couleurs changeantes chaque jour. Tiens! Le grand cerisier à perdu ses feuilles tout d'un coup. A ses pieds le tapis est d'or. Il va devenir brun et bientôt rouille. Les feuilles attendront encore un peu que je les cueille d'un grand balai qui viendra les griffer et m'aider à les charger dans ma charrette avec laquelle j'arpente mon jardin.


Aujourd'hui, j'ai reçu 3 stères de bois. L'occasion d'une discussion sur notre époque avec le livreur qui est d'ailleurs le patron de la petite entreprise qui me livre habituellement. Je voulais du chêne, il m'a porté un mélange de chêne, de hêtre et de charme. Il m'a roulé, mais je ne suis pas revendicatif. J'aime d'ailleurs les senteurs changeantes d'un arbre à l'autre. Il m'a dit que sa femme cherche si dans ce qu'on lui livre elle ne trouverait pas ce que l'on appelle du cadé en provençal et qui n'est que du genévrier. Quel arôme dans la maison lorsque l'on brûle cet arbuste dans une cheminée ! J'ai des cadés chez moi qui ont poussé tout seuls; trop petits encore pour en faire du bois à brûler.

Eh, bien j'ai tout rangé dans l'après-midi, soigneusement, à l'abri d'un haut vent sous lequel nous garons notre voiture. Un auvent construit par notre fils, en option pour son bac. J'était fier de lui voir réussir cette réalisation tout seul, seulement conseillé par son prof de travaux manuels.

Vous avez dit travaux manuels? C'est une source de joie, de plaisirs intense. C'est le moyen de se frotter à la matière, la nature, les parfums, les textures, … . C'est un moyen d'exister pleinement. Et c'est pour cela que je délaisse mon blog.

Mais bientôt je donnerai ici quelques éléments sur le roman que j'écris en ce moment. Sur l'ordinateur le matin de très bonne heure ; dans ma tête tout en travaillant de mes mains. Les idées viennent au grand air. On les compare, on choisit, quitte à tout recommencer dans l'isolement qu'exige l'écriture.