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mardi 9 mars 2010

Quel fruit suis-je?

Quel fruit suis-je au hasard des récoltes? au mépris des savoirs, au carrefour des haines, au ressac des rencontres? Né d'une ville déjà mêlée, j'ai exporté son rire, sa légèreté dans des régions dont je suis revenu chargé, imprégné. Mes chaussures se sont alourdies de glaise et je baise à genoux les armes à terre de  mes anciennes luttes. Je n'ai été que centurion du génie des ancêtres qui ont dicté, puis enseveli avec eux leurs lois.
Précaires, mouvants à leur tour, jetés à terre les étendards des révoltes, des remises en question.
On veut ternir ma flamme pour cette lucidité, cet intérêt pour creuser les mystères et crier leur misère. On a trouvé ces gestes enfouis qui figuraient l'explosion spermatique, le désir de couvrir et d'entrer en symbiose.
On les a détournés de leur besoin créateur tout comme je les ai pervertis en phases stériles, dangereuses et dirigées vers la punition que j'attendais comme conséquence des souillures.
L'être le plus droit s'enfouit dans les circonvolutions de son  moi, au-delà des lobes frontaux pour laisser parler les archétypes chasseurs qui motivaient la traque et la capture du temps où l'homme était le frère du loup.
Ces savoirs immémoriaux traités au vitriol de la morale deviennent anachroniques et celui qui les fait émerger en devient banni, réprouvé. Et l'on se défend ainsi de l'amour qu'il vous porte, de l'envie qu'il a de se fondre en vous : on le montre du doigt. Vous devenez la cible, vous êtes anéanti.
De catastrophes en périls, de joutes en dédains, peu à peu votre feu s'éteind. On vous a réduit en cendres. Tout ce que vous aviez conquis autant que récolté et qui a fait le fruit que vous êtes s'est dilué dans les haines et l'opprobre où l'on vous a jeté.
Vous n'êtes plus qu'un arbre mort et seul le rêve de ce que vous vouliez être se dresse encore dans le ciel.

2 commentaires:

  1. C'est un réel plaisir de te lire. J'ai adoré. Me suis laissée emportée par le flot passionné de tes mots.

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  2. A moi d'avoir du plaisir à constater qu'il y a au moins un écho à ces textes. J'ai toujours écrit et dans mon ancien travail (l'inspection des professeurs à l'Education Nationale) cette aptitude m'a beaucoup aidé. Je sais, en plus, que je maîtrisebien cet art. Mais j'ai voulu fuir cette facilité en faisant de la musique. Là, je ne suis qu'un amateur. Mais j'aime tellement ça! Je délaisse actuellement la composition pour travailler à un roman qui avance mais qui me torture l'âme. Tout mon être est dedans et je me vois, après bientôt 76 ans de vie, tel que j'ai été. Par bonheur, ce n'est pas un roman autobiographique, mais en écrivant on se couche irrémédiablement sur le papier.
    Grand merci pour ta lecture attentive.

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