compteur

mercredi 17 mars 2010

Anne-Sophie von Otter avec moi à Grasse

Je viens de passer une heure somptueuse avec Anne-Sophie Otter, une suédoise incomparable qui chante le baroque français (aussi) en se régalant de notre langue. Une voix d'alto qui regrette de n'avoir chanté Mélisande qu'une seule fois. Qui ne pourrait plus la chanter ; c'est trop tard, avoue-t-elle. Par contre, elle prépare un disque de chansons françaises : Trenet, Barbara, d'autres du même calibre. Elle a déjà chanté Kurt Weil avec Gardiner. Cécile Chaminade est la compositrice qu'elle a choisi pour terminer cette heure passée à minauder avec le présentateur érudit et précieux de l'émission de France Musiques intitulée "Les enfants du baroque".
Que j'aimerais être l'amant (présomptueux!) (l'amant transi, bien sûr!) de cette femme merveilleuse, subtile, intelligente et vibrante. Je viens de la connaître, de la connaître un peu mieux grâce à une émission podcastée que j'ai écoutée sur mon lecteur mp3.
Le soleil, depuis un bon moment déjà (temps que je ne mesurerais pas) glisse ses doigts, à chaque instant de plus en plus lumineux à travers les stries du volet roulant à Grasse où je suis, une fois de plus, direz-vous, chez ma fille, dans leur pièce à vivre avec kitchenette avant qu'ils changent de domicile pour leur loft sous les toits. Je me répands en sophistications esthétiques, en plaisirs simples mais tellement troublants à l'écoute de Rameau, William Christie, Gardiner et Anne-Sophie.
Ma vie prend fin sur ces délices d'un petit matin paisible au milieu de gens que j'aime mais qui dorment alors que je veille pour eux sur le patrimoine de notre humanité si belle lorqu'elle est musique, mots, textes, sentiments, émotions, libertinage, marivaudage et grâce. J'avoue humblement ma réconciliation avec l'existence depuis que je sais jouir de moments privilégiés et sans concurrence à devoir infliger aux autres par ma pseudo puissance hiérarchique.
J'aime entrer chez les autres avec une pudeur respectueuse et une humilité franche, me mouler à la forme que me tend la musique, l'émotion, vous-mêmes lecteurs qui me tenez la main.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire