compteur

lundi 22 mars 2010

J'USE MES DESESPERANCES

Indéniablement, l'or est ailleurs, sur d'autres plages que mes débris d'existence. Je saigne à me souvenir, j'use mes désespérances à dénicher des outres qui contiendraient des rythmes d'aise et de plénitude lente. Je ne découvre que mélancolies lointaines dont les sauces se perdent dans des instants à peine audibles. Et les trains ont disparu de mes recordings sans piquant, sans boursouflure. Seul ère un train évadé.
Je m'essoufle en ripailles inutiles pour vider les greniers de regrets ; mais je n'ai plus de rage à médire, à combattre. Tous les loups ont fondu avec la neige. Et puis ils ont de quoi mordre dans les troupeaux béats des écrans de la convention et des carcans idéologiques.

Si ma haine a grandi, ma quiétude a pris sa vitesse de croisière. Je désarçonne mon assise sans plus perdre le fil. Arianne a tissé depuis ce jour de 1934 sa nasse d'acceptation et la révolte est prise aux limites des bracelets empêcheurs, ceux que l'on oppose aux êtres pour ce qu'on dit être leur bien et qui n'est qu'une existence à conduire ; suivant les programmes et les directions que nous imposent les natures et les cieux, les hommes et leurs banques.

J'ai perdu toute foi ou bien devrais-je en avoir une qui soit aveugle. Dans les deux cas, il ne s'agirait que de me protéger d'une loge de confort, d'opter pour une attitude crispée sur des positions interdisant le mouvement, la critique. Alors que je souhaite ni accepter, ni me rebeller. Résister seulement par la puissance de l'analyse. Savoir reconnaître l'inévitable, déceler l'impossible, espérer atteindre la mesure ou l'inverse, percer les strattes et dépasser les horizons : voilà ce qui rend la condition de vivant charnelle et virtuelle à la fois, grandiose et mesquine dans des instants successifs qui s'emboîtent.
Pour attendre quoi? Un repas froid pris au coin d'une table grinçante qu'à chaque coup de fourchette je déséquilibre et fais balancer?

L'or est bien ailleurs, sur d'autres plages que mes débris d'existence. Je saigne à me souvenir, j'use mes désespérances à vouloir saisir des mélancolies lointaines. Les loups ont fondu avec la neige alors que je croyais à leur morsure pour me débarrasser des natures et de leurs cieux. Seuls èrent sur les rails les écrous de la convention. Quant aux carcans idéologiques, je les défie de ma bannière.

6 commentaires:

  1. User de désespérances ou de trop grandes espérances ?

    RépondreSupprimer
  2. J'ai usé vraiment mes désespérances, c'est-à-dire que je n'ai plus d'espérance. D'ailleurs, comme tu le dis, j'avais de trop grandes espérances. J'avais escaladé les abrupts pour me trouver finalement à côté, à côté de ce qui m'étais promis.
    Mais ce qui me reste est tout de même appréciable. J'ai du plaisir à découvrir encore et à produire toujours.

    RépondreSupprimer
  3. tes productions sont belles serties d'amour et de bons sentiments

    RépondreSupprimer
  4. Merci Lilia. Tes mots sont un baume. Tu sais ce que tu m'apportes : je te vois comme une mère, une soeur, une femme de mon Marseille qui grouille de palpitations, de cris, de tiédeur humaine et de vie à croquer, à plonger dans l'eau bleu des calanques. Tu es comme une barque, Lilia. Reviens, reviens encore!

    RépondreSupprimer
  5. Beau comme EL DEDISCHADO :
    "Je suis le Ténébreux, le Veuf, l'Inconsolé,
    Le Prince d'Aquitaine à la Tour abolie..."
    Autant de profondeur, d'émotions contenues et, par chance, un peu moins de noirceur.
    Des mots pour des maux que l'écriture allège sans doute un peu. Qui s'en plaindra ?
    Ni la lectrice, ni l'auteur je présume.
    Amicalement
    Katrine

    RépondreSupprimer
  6. Katrin, ton texte est très beau. Beaucoup de concision et pourtant une profondeur extrême. Tu m'as toujours ému à te voir si bien me comprendre. Tu te souviens quand j'ai pleuré à te voir faire la classe? Je me lisais mais, comme les enfants qui ressemblent à leur grand-père, tu aller au-delà, sur ton chemin propre, ton chemin à toi!
    Grand, grand merci Katrin. Je suis à Grasse et je vais partir dans le futur appart de Marianne pour lui peindre sa salle de bains. Tu ne peux pas savoir combien je balise tellemnt j'ai peur de lui faire une bêtise.
    Merci, tu m'encourages.

    RépondreSupprimer