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jeudi 14 octobre 2010

DEUX AMIS

Deux gars étaient allongés sur l'herbe sèche et sauvage d'un jardin abandonné. Ils ne savaient pas encore que leurs vies allaient se croiser sur le ventre d'une même femme.


Une franche camaraderie les liait. Était-elle de même nature pour chacun? Le plus vieux, à qui il arrivait de se vouloir protecteur, accueillait le plus jeune qui voulait découvrir la clé de l'émancipation. Déjà leur relation s'installait dans l'ambiguïté. Le protecteur devait un jour ou l'autre se voir rejeté, dépassé, éliminé. Le disciple se rendrait compte que celui qu'il croyait émancipateur pouvait être manipulateur, instrumentalisant celui qui attendait de lui une éducation libératrice.

Mais sous les pins parasols de ce coin de jardin sauvage de la docte école dans laquelle ils étudiaient, ils ne se doutaient pas de ce qui allait arriver dans les temps à venir. Ils dégustaient ces instants de fin d'année scolaire où l'on révise à fond pour parachever la préparation des examens proches.

Cette période, l'aîné l'avait toujours vécu en solitaire. Il avait ses techniques et puis ces quelques jours précédant l'épreuve n'était qu'une ultime formalité pour mettre au net les savoirs indispensables sachant qu'il lui serait toujours possible d'aller puiser dans toutes les ressources emmagasinées pendant les heures de travail nocturnes lors desquelles il lisait, écrivait au-delà des limites du programme. Toujours au-dessus de ce qu'il fallait connaître ; ce qui lui permettait d'expliquer les savoirs, de les envisager dans des contextes plus larges. Une méthode simple finalement, celle qui permet de construire de vraies connaissances réutilisables en toutes circonstances.

Apparemment, le benjamin était plus scolaire. Son fonctionnement était à courte vue. Il était devenu un honnête apprenant, était passé par le moule normalisateur des institutions. Il obéissait, il exécutait sans génie ni ouverture. L'imagination, la générosité, l'élan et l'enthousiasme avaient été étouffés en lui par des consignes strictes et l'intériorisation d'un modèle qu'il croyait indispensable d'atteindre.

Le plus jeune aspirait à découvrir le fonctionnement de son ami plus âgé. Il croyait. C'est-à-dire qu'il avait pris pour argent comptant les diverses légendes ayant cours depuis des temps immémoriaux pour rassurer l'humanité et, en même temps la ligoter. Le plus jeune était domestiqué, sagement formaté pour remplir son rôle, c'est-à-dire dresser une population enfantine à adopter plus tard les attitudes du conformisme.

A découvrir un être dansant sur la bordure des conventions, il avait tout d'abord été suffoqué de constater une aisance si grande. En même temps d'ailleurs qu'un prudence infinie qui faisait de cet homme ayant la trentaine un être tout à fait intégré ; du moins apparemment. Jamais de forfanterie, jamais de mépris pour ceux qui étaient dans le rang. Il était gêné du fait qu'à chaque rendu de dissertation c'était son devoir que lisait le Directrice des Etudes fascinée par la maîtrise de son étudiant. Tous les deux participaient en effet à un stage d'un an qui devait hausser leur niveau professionnel.



Un an, c'est long. Ce temps-là permet de se connaître. Mais c'est si peu pour entrer véritablement en symbiose et découvrir à fond l'autre. D'autant que sans aucune tendance homosexuelle chez aucun des deux hommes, chacun vivait des amours dans lesquels l'autre n'avait pas place. Le plus jeune vivait un train-train sexuel pathologique avec une vieille maîtresse qui l'avait déniaisé presque au berceau ; il en était prisonnier. L'autre avait divorcé et fréquentait depuis peu - après maintes aventures- une jeune fille délicieuse qui attisait une sorte de feu violent dans son corps.

Il aurait fallu à ces deux hommes un espace où se croiser vraiment alors qu'ils n'étaient placés que dans une situation qui les faisait être adjacents, parallèles et finalement inconnus l'un à l'autre. Alors que leur rencontre prouvait leur désir de fusion. Ce ne pouvait être qu'au combat, en temps de guerre que se réalise cette osmose. Sinon, par temps de paix, il ne leur restait que le sexe pour approfondir une amitié.

Ils restèrent liés après les examens. Les années qui suivirent les virent en effet aller jusqu'au sexe pour se découvrir totalement, exprimer leur personnalité différente dans ce domaine. Ils firent l'amour à la même femme, celle du plus âgé. Alors les mécanismes archaïques saisirent le plus jeune qui ne put accepter trop longtemps cette situation dans laquelle le partage était la règle.

Ils étaient arrivés au bout de ce qui peut être réalisé entre deux hommes qui voulaient être amis.

9 commentaires:

  1. bonjour
    tu ecris bien,ma generation à du mal à comprendre ,la fin me va mieux
    tu aimes les gitans ,moi ,j'aime les feux ,les gitans ,la guitare ,les saintes maries!
    as tu été sur mon blog (plus belle la vie) c'est ma vie enfin c'était!!!
    amitiés et merci de venir me voir!!

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  2. Merci de ton amitié, Maguy. Je viens te voir à l'instant.

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  3. bonjour
    la musique manouche c'est ma vie,les saintes maries ,on y allais tous les ans,mais mon mari est gravement malade depuis 1an et demi ,et c' est fini!!mais il est la et c'est le principal
    je voulais te demander pq as tu appele ta composition(graine d'ail)??JE T 'EXPLIQUE
    MA MERE LA GITANE,VENDAIT DES FLEURS !!DE L,AIL SUR LES MARCHES PENDANT QUE SES FRERES ET SON PERE ETAIENT FORAINS
    ON L'APPELAIT LA PETITE MARCHANDE D'AIL
    VOILA!!!ma vie,il y a longtemps
    mais que de souvenirs aux saintes j'ai vu les gypsies kings!!etj'adore leur musique
    merci à toi !!manitas (vu aux saintes tous les ans)django!!le roi des gitans!!(pour moi)
    par contre ,je n'aime pas thomas dutronc ,je trouve qu'il a su trouver le filon (aller à st ouen et jouer de la guitare avec les manouches il était sur de gagner ,meme s'il joue bien )mais n'est pas gitan qui veut!!
    amitiés

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  4. Georges je vais donc revenir car sur mon feu brule mon plat et je dois prendre le temps de le lire
    TU es d'accord!!

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  5. Je suis de retour et bien je viens de te lire et ce que je veux dire et bien tout simplement
    Je n'aime pas partagé. Donc voici mes mots pour ce soir. je suis fatiguée je n'ai pas très chaud et vois tu j'en envie de partir et de m'installer à une table et regarder la mer.Mais je ne suis pas à cet endroit. Donc je vais esssayer d'imaginer je pense que c'est pour le moment la seule solution
    NA

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  6. Maguy, je suis désolé pour ton mari. Mais rien n'est jamais fini. Il est là et tu peux l'aider. Il faut toujours espérer. Moi-même j'ai eu deux cancers (le colon puis le foie). J'en suis sorti, ça fait 13 ans maintenant. La vie a repris son cours. L'épreuve m'a renforcé.
    Pour ta mère, je comprends ton trouble. Mais il n'y a rien de magique : j'ai appelé cette pièce GRAINE D'AIL parce qu'en bon provençal, j'aime l'ail et que ce mot m'est venu à l'esprit. Il faut bien trouver des titres. La musique ne décrit pas la réalité pour moi. Elle est en elle-même une réalité, sa propre réalité. La musique de JS BACH par exemple ne décrit rien. Et pourtant elle nous touche peut-être plus que Une nuit sur le Mont Chauve qui prétend décrire un paysage.
    Tu as dû te régaler aux Saintes avec tous ces musiciens que tu aimes et je comprends pourquoi. Ils sont tes frères. Pour moi, la musique est universelle. Il en existe des milliers, de types différents. Ils m'intéressent tous et je m'émerveille d'en découvrir toujours des nouveaux. C'est pour ça que j'écoute très souvent France Musique. Une nuit, cette radio a diffusé une émission de 6h sur Django Reinhardt. J'ai tout enregistré et j'ai écouté ça en Corse, cet été, avant que les enfants arrivent pour être tranquille et disponible. C'est un document important à mon avis. Mais tu vois, j'aime aussi JOE PASS, un guitariste canadien qu'Oscar Peterson le pianiste de jazz canadien aussi est allé sortir du bar qu'il fréquentait. Il l'a sorti de l'ivrognerie pour lui donner une notoriété internationale. Pour Thomas Dutronc, je suis d'accord. Il s'inscrit dans la répétition, il refait de la musique manouche inventée par Django. Même le fils de Reinhardt, Babic, a tout fait pour éviter de faire une musique calquée sur celle du papa. Je l'ai entendu jouer NUAGES dans une interprétation personnelle comme Django lui-même n'aurait pu le faire car, il faut le dire, ce dernier était un peu enfermé dans ses procédés. La culture musicale ouvre à tellement de possibilités que la reprise texto de styles existants déjà n'est pas de la créativité. C'est ce qu'a réussi Babic qui avait pourtant à échapper à la prégnance du style de son père.
    Voilà ce que je voulais te dire, entre autres, sur la musique qui est pour moi un univers infini dans lequel je plonge chaque jour un peu plus dans une démarche de compréhension toujours plus large.

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  7. France, j'espère que ton plat n'a pas brûlé. Tu es gentille de lire mes textes même si tous ne t'apportent pas ce que tu cherches. Pour moi, le partage est d'abord un spectacle. C'est un peu spécial, je l'avoue. Mais je pense que c'est une situation très érotique qui manifeste en même temps sur le plan de la sociabilisation une grande avancée. D'ailleurs, des peuples la pratiquent, ne serait-que les Inuites par exemple. C'est une attitude plus ouverte, plus généreuse que celle qui est pratiquée en Occident où l'on reste passablement égoïste.

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  8. Arghh!! Ben moi, je suis une sale égoiste et je ne veux pas changer...;-)))

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  9. Jo, ne crois pas qu'avec ce texte je tentais une apologie du partage sexuel. Mais il est temps je pense de concevoir que l'appropriation du corps de l'autre dans le couple est un réflexe à réviser. Tout devient ludique aujourd'hui, y compris le sexuel. C'est ainsi. Les annonces de rencontres sans lendemain sont comme des agences de voyages dans lesquelles ont va acheter son ticket pour un émoi passager. Le sexe est devenu un jeu, une distraction comme une autre.
    C'est tout autre chose dans mon text en fait. Je racontais comment une sympathie, devient empathie et symbiose jusqu'à une fusion-confusion des êtres avec lesquels on vit, discute, se distrait et s'interpénètre jusqu'au point ultime. A partir de ce précipice élevé, certains ont le vertige, ne tiennent plus et, automatiquement, en reviennent à des constructions archaïques de la personne. Il chutent dans la protection de leur personne sans tenter de l'ouvrir véritablement à l'autre, aux autres.

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