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mardi 15 mai 2012

Robert CASTEL (2)

J'ai posté dans mon dernier message le contenu de la quatrième de couverture d'un petit livre édité au Seuil par Robert Castel, sociologue.


La première phrase définissant l'argument de ce livre évoque une association qui peut nous paraître banale, à nous, Français de la fin du XX° siècle et du début du XXI°. C'est celle de ce que l'on appelle l'Etat de droit d'une part et l'Etat social d'autre part. Il faut pourtant savoir que, même en France, pays des Droits de l'Homme, cette association est récente. Les premières républiques de notre pays n'étaient fondées que sur le concept d'état de droit. C'est-à-dire qu'un seul type de protection était assuré par l'état. Seules étaient garanties les libertés fondamentales (comme le droit à la justice par exemple) ; seule la sécurité des biens était assurée. La dimension sociale de la personne, notamment dans le monde du travail, n'était absolument pas prise en charge par ces républiques. C'est pourquoi on a pu les appeler des "républiques bourgeoises". Elles ne protégeaient que les propriétaires. Les autres vivaient au jour le jour.

Déjà avec le Front Populaire qui gouverna un laps de temps assez court avant la première Guerre Mondiale, certains droits sociaux firent leur apparition (comme les congés payés, par exemple). Après la Libération qui mettait fin à la Seconde Guerre Mondiale, les droits sociaux s'installèrent dans la Constitution. Et ce n'est donc que depuis 1945 vraiment qu'on a pu parler d'association d'un Etat de droit et d'un Etat social pour gérer les problèmes de la population française.



Le Français, à partir de la seconde moitié du XX° siècle, se trouvait donc de fait placé dans un état de sécurité permanent, y compris, grâce à la retraite, pendant les dernières années de sa vie. Ainsi s'était constitué un peuple d'êtres semblables, sans pourtant pouvoir être dits "égaux". Par exemple, tous avaient droits à une retraite mais pas nécessairement la même. Cela suffisait à assurer une cohésion du peuple français ; à maintenir cette cohésion qui s'était manifestée dans la lutte contre les nazis. Après la Résistance on n'aurait pas pu accepter de continuer à tenir hors de toute protection sociale une grande partie des Français.



Mais, Robert Castel le signale, ce double pacte va bientôt être menacé. Tout d'abord par une demande des individus sans cesse croissante au niveau de leur protection vis-à-vis des pouvoirs publics : protection contre l'immigré, protection contre les maladies graves, protection contre un délitement du droit du travail, contre l'intimidation à l'école, ... En effet, la Mondialisation de l'Economie et de la Production conduit les employeurs à délocaliser leur production, à remettre en cause le coût du travail, à encadrer plus durement le droit à la retraite. Le travail est devenu précaire. Il n'est plus assuré. On peut devenir chômeur du jour au lendemain, arriver devant son usine et s'apercevoir que dans la nuit elle a été déménagée dans un pays étranger. "Le profit avant l'homme" titrait déjà depuis plusieurs années un livre de Noam Chomsky.



Un gouvernement ultra libéral ne peut que suivre cette pente. Aller même jusqu'à limiter les services publics de l'Etat pour faire des économies alors que ce sont ces services qui rétablissent un juste équilibre entre les deux groupes de personnes qui constituent l'humanité, ceux qui sont propriétaires et ceux qui ne le sont pas. Face à la maladie, le déséquilibre devient flagrant si vous limitez toujours plus les moyens que vous accordez à l'hôpital. Face à l'Ecole, le même déséquilibre s'installe si vous supprimez toujours plus de moyens à l'Ecole Publique alors que les familles aisées choisissent pour leurs enfants l'Ecole privée.



Les solutions aux inquiétudes qui apparaissent dans le livre de Robert Castel, souhaitons-le, se trouvent certainement dans le renvoi récent d'un Président de la République ultra-libéral dont la politique remettait en cause la dimension sociale de l'Etat français. N'a-t-il pas dit lui-même que s'il perdait les élections il laisserait tomber la politique pour aller faire des affaires? Autrement dit, il continuera à agir dans le camp de ceux qui tentent de récupérer les droits acquis par les Français depuis la Libération.



Les choses sont devenues plus claires aujourd'hui.

1 commentaire:

  1. Bonjour Georges,
    Au Québec, nous connaissons sensiblement les mêmes problèmes que la France. Fermetures d'usines, déménagements des installations dans des pays où la main d'oeuvre se tue au travail et développements sauvages par des promoteurs immobiliers avec la connivence des gouvernements. Tout ça pour des $$$$.
    Sans parler de la langue. L'affichage en anglais qui ne respecte pas la Loi 101.
    Depuis 3 mois, le gel des frais de scolarité a pris des proportions inquiétantes entre les étudiants et le gouvernement qui s'affrontent. Matraques, bombes assourdissantes contre des marches pacifiques, toute cette violence n'avait pas sa raison d'être. Voilà où on en est...

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