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mardi 14 décembre 2010

L'orgueil et la haine

Nous n'avons jamais assez mesuré où nous ont conduit l'orgueil et son complémentaire la haine.


Nous avons érigé des forteresses de pierres, des bastions culturels et artistiques. Nous nous sommes dotés de repaires religieux, de méthodologies exemplaires. Nous avons voulu les plus somptueuses demeures, des palais de stuc et des chambres aux ciels de lit tissés d'or. Nous avons dessiné des enceintes glorieuses où sont réunis les plus grands d'entre nous : nos panthéons transpirent de vanité, de fatuité, de suffisance. Y sont regroupés tous ceux dont on veut faire des modèles pour les générations suivantes que l'on incite ainsi à arpenter les chemins qui côtoient le nombrilisme, la compétition, le challenge et la concurrence ; chemins où l'on nie autrui.

Nos citadelles, nos fortifications, nos fortins, notre orgueil nous conduisent -comme chaque peuple l'a fait ou le fera- à se croire le peuple élu, celui qui détient les clés du pacte avec les dieux, le tonnerre, les délires de la nature. Ainsi sommes-nous amenés à penser que nous détenons une supériorité qui nous invite à nous imposer à l'autre, aux autres car, ce qui vaut pour les relations interpersonnelles, vaut également pour les conflits entre les nations. Notre sentiment de puissance atteint les sommets du ridicule lorsque nous nous insurgeons contre les inconvénients que la neige déclenche en hiver ou qu'une poignée de fidèles occasionne lorsqu'elle se met à prier sur notre chemin en signe de revendication pour obtenir des lieux de cultes.

De l'orgueil contrarié à la haine, il n'y a qu'un pas. C'est alors que notre pseudo-supériorité s'écroule encore plus. La haine n'est que la manifestation d'un dépit. Notre vie s'enferme alors dans un cycle bipolaire dont chacun des deux éléments renvoie à l'autre de telle manière que, l'orgueil s'exacerbant, c'est la haine stérile qui nous emplit toujours plus.

Nous vivons, Occidentaux, une époque qui pourrait bien voir s'écrouler notre orgueil. Si nous pouvions au moins éviter d'emplir nos cœurs de haine et nous racornir dans l'attitude du mauvais perdant. Comprendre en quoi résident les mécanismes de notre perte pourrait devenir une occasion de retrouver quelque sagesse, quelque humilité, quelque raison. Quelque intérêt pour nous-mêmes et les réserves d'imagination qui sommeillent en nous. A condition d'abandonner notre superbe. En la transformant en aptitude, une aptitude à mieux comprendre les ressorts de l'humain.

4 commentaires:

  1. Avant de jouer mon rôle de mère auprès d'un p'tit bonhomme, j'avais du temps pour penser. Et ta réflexion, dans mes maux et mots à moi, l'ai eue. Une de mes conclusions fut déjà : l'ignorance voire la peur nous emmène bien plus à la haine que l'orgueil...

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  2. Sans doute la peur et l'ignorance sont-elles sources également de haine. En Europe en ce moment, avec la crise dans laquelle elle se trouve, l'orgueil a du plomb dans l'aile. Vexés, se sentant atteints dans leur prestance, les Européens en viennent à haïr l'étranger, l'immigré. Certains politiciens excitent leur clientèle électorale en agitant le spectre de la peur. Notre civilisation, concurrencée par d'autres, se trouve fragilisée. D'où la haine de ceux qui perturbe l'ordre culturel qui n'est rien d'autre d'ailleurs qu'un ordre économique.
    Merci de me réveiller par ton passage.

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  3. Je pense que si nous avions aujourd'hui à affronter une catastrophe majeure, tout notre beau savoir de salon accumulé depuis des siècles dans un confort de plus en plus sophistiqué ne nous servira strictement à rien. Oui, il fait de nous des orgueuilleux et nous amène à porter un jugement négatif sur les civilisation différentes, que nous nous plaisons à qualifier de 'moins avançées'!!

    Mais, dans le cas de notre catastrophe éventuelle, qui sera le mieux à même d'assurer sa survie?? Madame Occident au ongles vernis ou Madame Tiers-Monde qui cuisine encore son pain sur feu de brindille?? Monsieur Occident avec sa belle voiture ou Monsieur Tiers-Monde labourant son champs avec ses boeufs?

    L'avantage est soudainement dans l'autre camp...et oui, notre orgueil en prendra un sacré coup!

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  4. Oh! je ne crois pas que Mme Tiers Monde cuisine encore sur feu de brindilles! ni que son mari laboure avec ses boeufs. Tu as certainement entendu parler des pays émergent. C'est d'eux que va arriver notre déclin, un déclin économique et financier qui travaille à nous ruiner. En ce moment, l'euro est attaqué de toutes parts sur les places financières. La dette des pays occidentaux y compris les USA est abondée par les Asiatiques. Demain, s'ils le veulent, ils nous mettent à genoux. Il ne s'agit plus de Tiers Monde mais de conccurents usant des mêmes armes que nous avec des moyens bien supérieurs. Pour ce qui est des pays islamiques, ils présentent d'autres dangers qui ne sont pas moins d'importance.

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