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vendredi 17 décembre 2010

NOËL POUR RENEE (Musique : G. Lautier)



Renée est un professeur de musique qui exerçait en collège. Elle dirigeait une chorale d'adultes en dehors du temps qu'elle devait à l'Education Nationale ; un travail sérieux et énorme. Dans ce cadre, elle s'était mise en tête d'enregistrer la messe de Dvorak avec sa centaine de choristes. J'avais été invité à assister à l'enregistrement que devait réaliser un copain, également professeur de musique. D'ailleurs, un autre de nos copains communs, prof de musique lui aussi, tenait l'orgue de l'église des Chartreux à Marseille où s'était donné rendez-vous tout ce monde.


J'aime énormément ces ambiances où sont regroupés des musiciens réalisant une œuvre collective. Les difficultés de la prise de son -et elles sont nombreuses lorsqu'il s'agit d'enregistrer un orgue accompagnant plus de cent choristes- se doublaient des difficultés de la partition. Renée me prenait à témoin, me demandait mon avis, comme si j'avais été un grandissime musicien qui serait venu ce soir-là comme conseiller technique. J'étais très fier de cette confiance que m'accordait ma camarade. Mais j'étais dans mes petits souliers lorsqu'il fallait abonder dans son sens lorsqu'elle grondait les voix d'alto (ou les autres) qui exécutaient approximativement tel ou tel autre passage. La prise de son de mon copain (technicien pour un soir) présentait aussi quelques lacunes. Quant à l'organiste, il pensait plus à se faire entendre qu'à accompagner les chanteurs. Bref, Renée était exténuée, je la plaignais beaucoup : la direction d'une telle masse de participants est un lourd exercice.

Les reprises et leurs réécoutes se multipliaient. Et, c'est bien connu : plus on accumule les "rushes" moins bonnes sont les prises. Thélonius Monk avait un principe : s'il n'était pas satisfait des deux ou trois premières prises, il préférait quitter le studio d'enregistrement pour y retourner le lendemain. Il n'insistait pas. Renée, malheureusement oui.

Rentré chez moi après cette épreuve, je voulais apaiser le dépit de Renée qui voyait son projet gravement compromis. Nous n'étions pas loin de Noël et je me suis mis à écrire ce Noël pour elle et ses choristes. Mais comme le résultat de ma composition était très loin de la messe de Dvorak, je ne lui ai jamais envoyé ce morceau.

Par contre, à sa demande, je lui envoyai ma messe, une messe bigrement contemporaine à laquelle semble s'être invité, à certains moments, le diable tant la musique peut surprendre.

Il y a longtemps que je n'ai plus entendu parler de Renée.

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