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mardi 6 mars 2012

Après "THE ARTIST"

J'ai pris mon temps pour aller voir le film fameux dont partout on parlait. Une trainée de poudre le suivait derrière le tour du monde qu'effectuaient à la vitesse grand V ses promoteurs. Je me méfie toujours des prix reçus ici et là surtout que, en l'occurrence, il s'agissait de prix reçus ici, puis là. Une brassée de récompenses, une hola! dans chaque festival, après chaque projection.


Puis vint la consécration universelle : les Oscars. Même le musicien compositeur de la musique de ce film muet qui décrocha un Oscar! Il était temps que je visionne ce chef-d'œuvre et que je constate par moi-même s'il ne s'agissait pas au fond d'une campagne publicitaire bien menée. Et puis, ne venait-on pas raconter aux Hollywoodiens un fragment de leur histoire, celle de leur cinéma au moment où il prit le virage du parlant ? Comment mieux se faire considérer?

Eh! bien je vous assure , oui! formidable le Dujardin! Formidable le compositeur, extraordinaire le scénario, pétillante et sensible l'actrice féminine. Emu le Georges Lautier, tout à fait convaincu que les récompenses avaient été données avec enthousiasme. Il l'était, lui, enthousiaste ce spectateur devant cette histoire émouvante et pourtant si simple, exactement comme savait en tourner Charly Chaplin.

Mieux - mais cela est propre à mon histoire personnelle : au moment où, découragé d'être devenu un laisser pour compte du muet, l'acteur principal brûle les pellicules de ses films passés, devenus même obsolètes, je me suis vu balancer dans les bennes de la déchèterie de Digne les kilomètres de bandes magnétiques de musique de Jazz que j'avais enregistrées pendant des années à l'écoute des émissions de cette musique sur France Musique. Vous le savez, j'ai dû débarrasser mon garage avant les gros travaux de consolidation des fondations qui vont y être entrepris prochainement.

Le geste était-il le même que celui de George Valentin, le héros de The Artist? Certainement pas : le mien était minime à côté de celui du personnage de légende. Je ne faisais que me débarrasser d'éléments auxquels je tenais, certes, mais qui dormaient depuis longtemps et que je ne réécoutais plus ; l'imprégnation en moi de ce type de musique est totale et j'en suis pétris. Et puis je n'étais pour rien dans la composition de tous ces morceaux. Pour George Valentin, il était le créateur de tous ces rôles qui partaient en fumée et qui faillirent avoir raison de sa vie. On le sait : il est sauvé par son chien ! Or, je n'ai pas de chien : autre différence. Et puis George dans le film s'écrit sans "S". Dans la vie, en ce qui me concerne, le Georges s'écrit avec un "S". Nos situations à l'acteur et à moi étaient donc tout différentes.

Oui, mais irai-je aussi loin que George Valentin dans la renonciation à mon orgueil? Quand vais-je porter à la poubelle tous ces CD que j'ai gravés sur mon ordinateur et qui sont pleins de ces morceaux que j'ai créés à longueur de vie, rêvant à quelque destin musical aujourd'hui impossible à atteindre parce que souvent on se figure, on s'imagine, on se croit, on se leurre sur soi-même, on se méprend, on voudrait bien … .

Si vous êtes dans les derniers à aller voir The Artist, au moment où George Valentin cherche à périr dans un incendie qu'il a déclenché lui-même en mettant le feu aux pellicule de ses films, pensez à moi. Pensez à moi. Enlevez le "S" de mon prénom et laissez-moi mourir en transportant mes CD à la poubelle de ma rue, écrasé par une voiture que je n'aurai pas vue à cause de mes yeux pleins de larmes.

George (s) Lautier

2 commentaires:

  1. Bonsoir Georges,
    Demain, c'est ma sortie cinéma et ce sera l'Artiste. Je penserai à toi.

    Bisous tout doux et gros câlin.
    Sue

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  2. Quel émoi, Sue, à lire ton commentaire! Enfin une respiration, un souffle de vie sur,ce blog.
    Tout doux moi aussi je t'embrasse.

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