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mercredi 12 mai 2010

Le concept d'usure

L'époque est révolue où la relation entre les êtres primait sur leur  moi. A l'ère du choix, des choix multiples, ce qui importe c'est celui qui choisit et non pas ce qu'il choisit ; ce choix étant d'ailleurs renouvelé, changeant, se réalisant dans des domaines et à des niveaux toujours nouveaux. S'il existe une relation, elle réside dans un lien au monde infini des possibles. Mais il vaudrait beaucoup mieux parler d'ailleurs d'une ouverture du moi au monde tel qu'il se construit chaque jour et évolue.
En fait, il n'y a d'usure que dans la quête d'une pérennité. Or, les relations impliquant l'obligation d'être pérennes ne sont plus au centre des préoccupations des humains aujourd'hui. Avec elles disparaît le concept d'usure. Cet univers obsolète de liens, de noeuds, d'attaches, de codes parentaux et sociaux laisse la place à un autre concept, celui d'expansion du moi.
Curieusement, ce moi qui semblait se libérer et gagner en autonomie en tournant le dos à la relation, va tout de même avoir besoin du regard de l'autre (sinon de l'autre lui-même) en se lovant au coeur de la tribu. On sait, depuis Maffesoli, que l'on est à l'ère de la conformation par rapport à un groupe. On peut appartenir à la tribu des intellos-écolos qui fréquentent les cinéma d'art et d'essai ou à celle des maîtres-chiens type Pick Bool. Dans ces tribus, le moi est soutenu, il s'affiche, il se reconnaît. Il parle le même langage que les autres membres de la tribu, utilise les mêmes codes vestimentaires par exemple. La relation, si elle existe, ne s'effectue qu'en direction des valeurs de la tribu, pas envers ses membres : c'est la défnition même d'une organisation de type tribal.
On peut, au fil du temps qui passe, se trouver de bonnes raisons pour changer de tribu, s'affilier à une tribu dissidente ou opposée. De là l'éclatement des étiquettes et l'émergence continue de groupes musicaux toujours nouveaux. Cette quête renouvelée, constante, répétée, hystérique peut, à la limite, ne plus vouloir rien dire. Il n'empêche : elle fonde l'existence du moi aujourd'hui, moi dont l'expansion est la valeur centrale.

Voilà pourquoi sans doute les couples ne durent pas très longtemps et que ceux qui avaient choisi la pérennité se fissurent pour laisser apparaître des mois revendiquateurs, des mois en quête d'expansion.

Le blog est le lieu de prédilection de ce nouveau genre de vie que le consumérisme, la conformation, la revendication à une existence autonome, ont créé. Le moi s'y expanse. Et c'est son but unique.

2 commentaires:

  1. Oui, il est parfois pénible de vivre dans cette époque hypermoderne. Un blogue sans travail sur soi (sur le moi, non ?) est particulièrement pénible à lire. Et alors, quoi faire ? Devenir stoïque ? Peut-être écrire encore un billet pour trouver une bonne réponse ?

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  2. Ecrire, écrire sans fin pour courir après la bonne réponse en sachant qu'il sera dificile d'en trouver une d'ici la fin.
    Mais il est des jours où seule la musique -et encore!- peut venir passer du baume sur notre mal-être. Car même la musique est engagement. Laquelle jouez-vous? La militaire, celle qui sent la guimauve, la dernière sortie qui vous agresse parce qu'encore trop inconnue de vous?
    Même la musique peut aussi vous faire des ennemis.
    Merci de votre commentaire.

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