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samedi 8 mai 2010

ANNONCE

Je vais bientôt, comme Marc Aurèle, rédiger des notes personnelles qui n'auront rien d'un journal intime, qui seront simplement destinées à me conduire de manière très stoïque dans un univers particulier dans lequel je vais débarquer sous peu. Je serais mêlé à des quidams sclérosés par les habitudes, enfermés entre une poignée de gens vivant à la petite semaine que je ne veux pas effrayer une fois encore au point qu'ensuite ils sortent les couteaux pour ne plus entendre cette voix qui me brûle par orgueil. Je vais  m'humilier, disparaître, camoufler mes flammes, garder en moi mes révoltes. Je vais taire mon égo et, pour y parvenir, disparaître dans des forêts profondes, des mers tourmentées. Que l'on perde le son de mes pas, le bruit de ma langue. Que l'on oublie mon ardeur prégnante, mon regard acéré.
Je veux, il le faut absolument, devenir invisible tellement mon aspect sera enfin tolérable.
Les notes personnelles que prenait chaque jour Marc Aurèle, lui qui aimait le genre humain, l'aidaient à toujours mieux se comporter dans sa gouvernance de l'Empire romain. Il est nécessaire pour moi, en faisant de même, de parvenir à l'inverse. C'est-à-dire à  faire s'étioler mon besoin de dominer, d'enseigner, de montrer la voie, de faire péter ma gueule.
C'est fini le temps des tempêtes pour moi. J'entre en réclusion.
Mais je vais y vivre d'ardentes choses. De l'intérieur, dans cet absolu qui m'habite aussi. J'ai choisi ce passage pour finir ma vie de galères. Je voudrais arriver serein là où, après, plus rien n'existe.

4 commentaires:

  1. COMME TU SEMBLES fatigué ,biaisé
    non GEORGES accroche-toi c juste du blues
    toi moi et une poignée sommes fait pour se battre et les galères c pas toujours des échecs on en sort souvent plus fort
    je t'embrasse

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  2. Lilia, qu'est-ce que tu réconfortes! Tu soignes, tu donnes du courage. Tu dois être un excellent médecin. Je viens de t'écrire un texte qui me venait du fond de l'être mais il s'est perdu au moment d'être enregistré. J'enrage contre ce fichu numérique!
    N'empêche : il n'y a rien de grave. Je commence à fourbir mes armes parce que je pars en Corse bientôt où je vais rencontrer des êtres, mon beau-frère par exemple, qui sont à l'opposé de mes positions sur le monde et ce que nous vivons aujourd'hui (notamment dans le domaine financier). J'ai trouvé que Marc-Aurèle que je viens de découvrir, prenait de la distance grâce à l'écrit. Ses réflexions lui permettaient d'arrêter des principes qui l'aidaient à être meilleur. Pour moi, il s'agira de faire quelque chose d'identique : ne pas heurter les croyances ancestrales, les rites, les enfermements. Le libertaire que je suis a bien du mal, tu t'en doutes, dans un tel pays où ma femme redevient membre du clan et souvent se tourne contre moi, l'intrus, le rapporté, celui qui n'a pas la même culture. Marc-Aurèle va m'aider. Mais j'ai aussi avec moi tout un tas d'émissions de France Musique que j'ai enregistrée et qui vont me servir d'exutoires. Je vais m'isoler en corrigeant mon roman qui arrive à son terme et en me délectant à ma culture, fou de musique que je ferai sonner dans cette maison construite en 1751, aux planchers en châtaigniers et dans laquelle ma sueur a coulé pour la remettre sur pieds.
    Tu m'aides à me conforter dans mon choix. Ce n'est qu'une réclusion volontaire et que je connais bien puisque tous les ans, depuis 45 ans, je la pratique. D'ailleurs, ma belle-mère ne me disait-elle pas que lorsque j'étais en Corse, il fallait que je me taise?
    Je t'embrasse. Tu es ma soeur, tu le sais. Nous buvons aux mêmes sources, nous avons le même profil. Que la modestie soit avec moi! Et que tu profites encore longtemps de ta mer sans plaisanciers!

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  3. Je crains que vous ne trouviez rien d'utile dans Marc Aurèle. Le stoïcisme, c'est bien pour les gens qui sont au-dessus de tout, mais pour nous autres terriens qui nous servirait de modèle ? Je vous propose une lecture de Cervantes ou de Shakespeare... Mais bien, ce n'est que mon avis. Je vous souhaite du calme et du temps pour écrire.
    Amicalement

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  4. Merci Ren. Il est des jours où l'on se jetterait au cou de n'importe quel cheval qui passe. J'ai eu une vie à la Nietzsche. J'ai beaucoup provoqué. Par orgueil sans doute. Et je voudrais ne plus m'affronter inutilement à des moulins à vent. C'est pourquoi, sur votre conseil, je vis en ce moment, une aventure dont Shakespeare aurait pu faire une pièce. J'écris un roman (presque achevé) qui malaxe de la pâte humaine. Il s'agit d'une entrée dans l'amour par la porte candauliste. C'est palpitant!
    Merci, grand merci vraiment pour votre attention.

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