LA FEUILLE A NIGAUDS (2)
Quand il était l'heure pour lui de se mettre à table, il sortait à pas lents du BAR du COIN, balançait ses épaules d'où pendaient deux bras inutiles, arrivait jusqu'au milieu du trottoir et mettait deux doigts bagués dans sa bouche. Le son perçait les branches basses des platanes, rebondissait sur les tentes pare-soleil et nous atteignait en plein front. L'effet était assuré : Quasimodo se serait pendu à toutes les cloches de Notre-Dame qu'on n'aurait pas mieux su qu'il était midi. Aussitôt, Loule levait la tête et s'écriait, toujours sur le même ton :
- C'est midi, les gars ! Faut que j'aille à table !
Et mon Loule prenait ses jambes à son cou.
On peut donc juger de la puissance terrifiante et tranquille du père de Loule.
tait justement lui qui, incognito, s'approchait de notre piège. Nous gloussions déjà d'aise comme à chaque ue l'on percevait l'arrivée d'un quidam ; et cette fois encore nous nous réjouissions à l'avance de ce qui allait se passer. Hélas! la suite signa notre déconvenue et nous découragea à jamais d'utiliser les perches à nigauds du magasin TUDOR comme matériel d'investigation psychologique.
re cobaye avança droit sur la feuille, la happa d'un geste vif. D'un coup sec, il cassa le mince fil noir et s'avança, en prenant une direction subitement perpendiculaire à sa trajectoire initiale, vers le banc où nous nous tassions, tassions, tassions comme pour nous protéger, infâmes larves de fourmis, de la langue du tamanoir.
Il nous toisa.
Qu'il nous parut immense ! qu'il était effrayant !
Ce fut la seule fois où nous vîmes notre copain Loule prendre le chemin de la maison sans que son père ait à émettre le moindre sifflement.
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lundi 9 janvier 2012
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