L'HUILE D'OLIVE (4)
Que voulez-vous que fit ma mère ? que fit ma tante, vierge pourtant insensible, elle, au charme très masculin de ce genre de voyous superbes ? Elles acquiescèrent, toutes petites, toutes muettes, avec leurs tabliers noués et leurs petits visages simples de marchandes de quatre saisons aux pieds de ce bourreau des coeurs, de cet ange de l'asphalte, de ce bellâtre en casquette blanche. Que ce type-là se soit arrêté pour leur parler valait déjà toutes les cargaisons d'huile d'olive de la marine grecque !
Subjuguées pour avoir approché de si près un spécimen de la faune interdite, elles commandèrent deux bonbonnes de plus que prévu.
Et le jour vint de la réception de l'huile. jour solennel, jour mémorable. Une liste de clientes fidèles et sûres avait été dressée à l'avance et simplement sur la promesse. Les têtes défilaient pour s'assurer que c'était bien le jour dit et qu'il n'y aurait aucun retard dans la livraison. Ma mère et ma tante avaient leurs regards entendus habituels pour satisfaire aux interrogations muettes et discrètes. Elles pouvaient donner toutes les assurances : le père de Loule était passé de bon matin devant le magasin, et d'un de ces gestes las dont il avait le secret, il avait soulevé sa casquette sur son front. C'était le signal.
... ( à suivre) ...
dimanche 22 janvier 2012
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