J'ai fait en sorte,
cette année, de ne pas présenter mes vœux. Cette pratique me paraît de plus en
plus conventionnelle et stérile. D'ailleurs, ne relève-t-elle pas de la pure
superstition? Elle est même incantatoire dans la bouche de certains : ils
implorent le sort de vous protéger, de vous accorder - surtout! - la santé.
Et puis tous ceux qui,
une fois par an se souviennent que vous existez, après avoir fait un beau geste
en achetant la carte qu'ils vous adressent à des handicapés qui peignent avec
les pieds, ne vous ignorent-il pas tout le restant de l'année?
Pourquoi, à une date
précise, le premier jour d'un nouveau calendrier, se souvenir de ceux qui
comptent pour vous? Faut-il faire une habitude de notre sollicitude ou bien une
vigilance?
Le souci de sociabilité
ne nous ferait-il pas tomber dans la convenance la plus grégaire?
Et puis ces vœux
répétés depuis des années arrangent-ils quelque chose à notre condition? Non,
et c'est la preuve qu'ils sont vains. Attendez donc plutôt de vos proches
qu'ils soient plus réalistes, plus combattifs et qu'ils se débarrassent de ce
qui embue leur conscience.
Qu'ils prennent enfin
leur destin en mains.
Georges LAUTIER
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