Page 284 de MONTER LA VIE A CRU (suite du 11 02 2012)
Mais que s’était-il passé ? Il demandait maintenant à Zelma, non pas des comptes, mais un récit. Il voulait savoir pour s’exciter à son tour, éprouver un émoi en miroir de celui que Zelma avait éprouvé. Il voulait vivre une tranche de sensations fortes par procuration. L’altérité de Zelma avec laquelle il partageait tout l’imprégnait comme la sienne imprégnait Zelma. A travers elle, par elle, de manière identique à elle, Hunt frémissait, Hunt se grisait. Hunt, sans prendre la place de Zelma, assistait à la scène, devenait un voyeur sublime, un complice subtil de son épouse. Zelma en éprouvait-elle une satisfaction quelconque ?
Elle était tiraillée entre faire plaisir à son mari en lui racontant tout et garder pour elle ce qu’elle considérait être les limites de son intégrité au-delà desquelles Hunt pouvait la détruire. D’ailleurs, sa démarche de cette après-midi manifestait beaucoup plus un besoin d’indépendance qu’une envie de vengeance finalement. On était déjà loin du moment où elle avait été folle de colère en apprenant que son mari la trompait. A cette époque-là, elle aurait bien aimé se venger, vraiment se venger. Aujourd’hui, ses sentiments étaient trop mélangés, imbriqués à des considérations de natures différentes et complexes. La vengeance n’est pas un concept, elle est une pulsion. Le temps des pulsions pour Zelma était passé ; elle était entrée dans celui de la jouissance tranquille. Et elle préférait concevoir sa vie agréable plutôt que tumultueuse et sauvage. C’est son plaisir qui était en train de devenir un concept. Elle le recherchait comme étant un élément du bonheur.
(à suivre)
samedi 11 février 2012
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