Un petit livre sur lequel deux à trois haïkaï par page seulement sont transcrits. Ce qui laisse de la place pour celui, moi, qui voulait pénétrer l'esprit de cette forme poétique, sachant bien que nous, Européens, avons du mal à entrer dans les finesses et sophistications orientales.
Je suis donc en train, à temps perdu, quand cela me prend, de compléter chaque haïkaï d'un autre construit sur les mêmes structures syntaxiques que l'original. Je dessine aussi quelques traits qui ont un rapport, soit avec le haïkaï de Matsuo Bashô, soit avec le mien.
Il ne s'agit nullement pour moi d'un piratage mais bien au contraire de la recherche d'une fraternité avec un lointain confrère que j'admire et remercie. Que j'honore - du moins je l'espère - en l'imitant, en m'enrichissant de sa production. C'est comme un oblat en quelque sorte, comme lorsqu'un laïque s'agrège à une famille monastique sans prononcer de voeux.
Voici donc deux pages de ce recueil de Matsuo Bashô.
Page 1
En plein jour
Sa nuque est toute rouge
la luciole
En plein vent
Sa rotondité est toute galbée
Le spinnaker
La mer s'assombrit
La voix des canards sauvages
Est à peine blanche
L'espoir s'assombrit
Le cri des désespérés
Est tout juste audible
Fin de mois sans lune
J'enlace un cyprès de mille ans
En pleine tempête
Fin de mois sans argent
Je serre les lacets
En pleine panade
Page 2
Secrètement la nuit
Les vers dans les châtaignes
Sous la lune
Goulûment l'été
Les fruits dans les paniers
Sous nos papilles
Pas même un chapeau
Et comme je suis trempé
ça alors
Pas même un baiser
Et comme je suis aimant
ça alors
Neige et neige
Cette nuit de fin d'année
Lune claire
Fruit et fruit
Cet automne de fin d'été
Pommes rouges
Bien sûr, pour chaque haïkaï, le texte de l'auteur est "droit" et le mien est en italique. En italique pour m'incliner devant le maître et marquer ma déférence.
Honneur à Matsuo Bashö
De la part de Georges Lautier
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