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lundi 1 avril 2013

La Vierge à la Cerise


Vous n’êtes pas habitués à me voir dessiner des icônes religieuses. Celle-ci est vraiment exceptionnelle dans ma collection. Elle est mon interprétation d’une peinture italienne très ancienne sur bois qui est la propriété d’un couvent en Corse, le couvent d’Alésani dans la Castagniccia.

Le tableau a été récemment restauré au Musée du Louvre. Il est exposé au musée d’Aléria, ville située sur la côte orientale corse qui était capitale grecque d’abord, puis romaine dans l’Antiquité. Autour d’Aléria s’étalent de grandes plaines où l’on a de tout temps cultivé le blé. Curieusement, les Phocéens qui ont fondé Massilia (Marseille aujourd’hui et ma ville natale), 600 ans avant Jésus-Christ, en avaient fait leur grenier à blé. De Corse donc, dans l’Antiquité, des navires partaient pour approvisionner Massilia en céréales.

D’où vient ce tableau ? De Toscane sans doute. Qui l’a transporté là ? Certainement des moines Franciscains venus dans l’Île de Beauté pour l’évangéliser, apporter la culture italienne à ces montagnes sauvages. Des quantités de chapelles romanes datent de cette époque. Le chant polyphonique a certainement été introduit à cette époque par ces mêmes moines Franciscains.

Tous les ans, pour la fête du couvent d’Alésani, le tableau sort de son musée et, escorté de motards de la police nationale, remontent dans la montagne où on l’a trouvé pour que les habitants puissent l’admirer le temps que durent les festivités.

J’en ai fait un élément essentiel de mon roman School Fiction qui, dans sa deuxième partie se déroule dans une île de la Méditerranée qui ressemble beaucoup à la Corse. Je prétends que le tableau que l’on  adore actuellement, n’est pas le vrai, l’authentique, celui que les Franciscains introduisirent dans l’Alésani dans les années 1320 ou 1330. L’original était le trésor d’un schisme religieux dont les membres appliquaient à la lettre les enseignements de St François d’Assise, celui que le pape actuel a pris comme modèle. Ils ont été exterminés sauvagement par les armées du Pape auxquelles s’étaient alliés les Seigneurs dominant l’île. Le tableau original de la Vierge à la Cerise aurait été mystérieusement protégé et aurait échappé au désastre sans que l’on sache toutefois où il se trouve.

Les autorités religieuses ont dû commander une copie de ce tableau afin que soit perpétuée l’adoration que les populations lui portaient à l’origine. Ainsi, on s’était débarrassé d’un schisme gênant tout en conservant les objets qui fixaient l’adoration populaire. Du moins, c’est ce que j’ai imaginé dans mon roman. Mais ne n’est peut-être qu’une caricature de la vérité. Ce qui explique que mon interprétation de La Vierge à la Cerise en soit une.


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