Comment considérer cet avoir sinon comme une rose quelque part plantée pour ravir des jours que l'on n'attendait pas.
Un train m'éloigne, un autre me rapproche. Impatient, je brûlerai à me remémorer ma rose. Petit Prince ou pas, je me fiche du mouton qui la croque : à le faire chaque jour pourtant, je n'ai constaté que très peu d'altération par rapport aux origines. Seul le temps a pu glisser de ravines en sillons ; mais cela m'est égal, puisque c'est l'âme des fleurs qui m'importe, leur inflexion vers la glèbe enrichie d'une marque d'attention, d'un rayon qui, soudain, se pose, interpelle, dessine un soupir.
La demi-teinte suffirait pour qu'il y ait l'extase. Aucun labeur ne peut assurer le grain à moudre. L'étonnante certitude qui à l'instant me comblerait, demain me laisserait vide. Je veux espérer, gonfler mes appétits. S'il en est qui me nomment l'homme-projet , c'est que je les appelle, qu'ils viennent à moi jamais satisfait, toujours à refaire. Ainsi est garanti l'avant, enrichi de l'arrière.
Pour ma rose il en est de même, il en est toujours. Elle m'effleure, un pétale tombe négligemment dans ma main que je serre. Puis plus rien, je désespère. Aucune scorie ne doit venir entacher cette immaculation qui, à force d'évanescence, devient éternelle. J'aspire à cette latence, ces ralentis, en perfusion prolongée, sans envol, en douce et lente vie, critique parce qu'incertaine et sans issue.
Qu'il est précieux de remettre, de s'interdire, de refuser ce qui pourrait conclure.
31/01/1996 Cahier noir à boudin
vendredi 15 avril 2011
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