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dimanche 29 juillet 2012

En chemin vers Pioggale

Vous ai-je dis que je n'étais pas allé jusqu'à Pioggale, ce village perdu et abandonné de la vallée de l'Alésani, avec ma voiture ? À l'embranchement entre Bonicardo et Pioggale la route m'avais semblé si précaire que j'avais laissé là mon véhicule.J'étais parti à pieds! Mais ne voilà-t-il pas que je rencontre un troupeau de vaches sauvages, de ces vaches qui ont rapporté quelque argent à des éleveurs occasionnels lorsque l'Europe leur payait des primes. Mais aujourd'hui plus de primes! Les vaches ont été abandonnées à leur fantaisie. Elles vaquent partout et notamment dans les lieux où ont leur fiche la paix. Se sont constitués ainsi des troupeaux quasiment sauvages. Des taureaux veillent sur leur famille. J'en ai rencontré un en allant vers POGGIALE. Il était d'ailleurs toujours là au retour. Fringant, l'animal! Grattant le sol de ses sabots, baissant même la tête et m'observant attentivement. Il m'attendait. La première fois j'ai regardé droit devant moi, sans faire sonner mon bâton de marche. J'ai fui son regard car, il ne faut jamais regardé droit dans les yeux un animal sauvage. Au retour, je l'entendais souffler, renâcler. Il m'avait perçu à distance et ma présence le contrariait. Lorsque je fus en vue de cette masse noire et puissante, il sauta sur lui-même, puis se mît très vivement à courir sur le bord de la route pour me fuir, littéralement comme s'il craignait de moi que je le capture. Rien ne m'arrivait en fin de compte.Heureusement car je ne sais pas du tout comment j'aurais pu me tirer d'affaire. Appeler au secours la personne que j'entendais passer un peu plus loin une débroussailleuse? Ce bruit m'indiquait tout de même que les lieux n'étaient pas si déserts que cela. Tant mieux, même si je le regrettais un peu : j'aurais préféré être seul devant les tours que j'allais découvrir, ces tours érigées par les adeptes d'un groupe de chrétiens considéré comme un schiste par l'Eglise catholique et romaine de l'époque, en 1350. On appelait ces gens des Giovanelli. Ils furent tous massacrés dans cette vallée de l'Alésani en 1359. L'Eglise à tout fait pour effacer la mémoire des massacres qu'elle a accomplis si bien que les gens vivent aujourd'hui aux côtés de ces constructions délabrées sans savoir qu'elle est leur histoire. Croyez-vous que j'ai rencontré en entrant dans Pioggale les âmes errantes de ces malheureux ? En Corse, il y a toujours autour de vous le visible et l'invisible. Vous le saurez lors d'un prochain message.

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