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dimanche 20 mai 2012

Où l'on retrouve Hunt Gram

Tout à fait par hasard j'ai rencontré il y a quelques jours Hunt GRAM. Oui, vous savez bien, Hunt Gram, l'un des protagonistes de mon roman MONTER LA VIE A CRU. Il a passablement vieilli depuis l'époque où je lui avais fait tenir un rôle de quadragénaire. Qu'était-il devenu? Je lui posai cette question, le plus naturellement du monde car, ne l'avais-je pas marié malgré lui à une femme qui avait bouleversé sa vie :


- Voyez-vous toujours Zelma?

- Bien sûr! Elle est toujours mon épouse. A la fin de vôtre roman, nous aurions pu nous séparer, vivre une autre vie. Mais non. Professionnellement j'ai tourné dans quelques séries télévisées et elle a préféré faire du journalisme. Notre fils a grandi et c'est un adulte épanoui. Nous nous aimons toujours autant ; la dimension culturelle, importante depuis toujours dans notre couple, a pris le pas sur le sexuel.

- Avez-vous continuer à vivre de façon libertine, lui demandais-je avec passablement de curiosité?

- Evidemment! Quoiqu'aujourd'hui l'émoi sexuel ait pris une tout autre allure chez nous. Par exemple, je suis toujours curieux de savoir si, dans des situations bien précises du passé, elle avait eu des rapports avec un tel ou tel autre. Vous vous souvenez l'avoir conduit peu à peu dans votre roman à une autonomie sexuelle très grande. Au point qu'elle ne me faisait plus part de ses conquêtes et des aventures éphémères qu'elle pouvait connaître.

Tenez, pour exemple, je vous dirais que je l'ai questionnée sur des occasions qu'elle pouvait avoir eu lorsqu'elle partait en voiture pour des déplacements professionnels avec un collègue que je savais avoir des tendances don juanesques. Vous savez ce qu'elle m'a répondu? "Lorsqu'on était en voiture avec lui, il était difficile de ne pas lui appartenir."

Zelma n'a plus voulu à partir d'un moment me rapporter des faits dont j'étais friand. Ces aventures occasionnelles ou recherchées par elle ne m'appartenaient plus. D'ailleurs, sexuellement, avec moi, ses appétits avaient insensiblement diminué. Nous finissons par vivre côte à côte comme un frère et une sœur. Croyez que j'en souffre. Mais il y a maintenant comme une habitude à nous côtoyer, des intérêts économiques, des avantages domestiques que nous ne voudrions pas perdre. Nous formons un vieux couple, Monsieur.



Je saluai Hunt, un peu bouleversé malgré tout par ce que j'avais fait de lui, au moins dans ce roman. Vieillissant moi aussi, mes appétits s'étaient déplacés et je m'en voulais d'avoir jouer à l'apprenti sorcier. Un auteur en vient toujours à un moment où à un autre à regretter de s'être servi de cobayes humains.

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