J’ai maintenant l’assurance
que ma prochaine expo se tiendra dans les locaux de l’ESPE de Digne les Bains
d’ici quatre à cinq mois. L’ESPE est en fait l’ancienne Ecole Normale,
l’établissement où l’on forme aujourd’hui les futurs professeurs des Ecoles.
J’aurai à ma disposition deux
pièces contigües : dans la première seront exposés des posters au format
A3 présentant des images des lieux ayant inspiré l’ensemble de mes créations
sur le thème choisi et, dans la deuxième, j’exposerai les œuvres proprement
dites qui seront pour l’occasion
présentées au format A3, toujours sous la forme de posters collés sur du
carton plume.
Ainsi seront distingués
l’œuvre et son contexte. Le chemin d’une pièce à l’autre se terminera par la
découverte dans un autre lieu de l’établissement de l’écorce qui a donné
naissance à ce travail.
En effet, d’une écorce de
chêne traînant dans une ruelle du village où je passe mes vacances en Corse du
Nord, j’en suis venu à réactualisé en moi ma passion pour un épisode douloureux
de l’histoire de l’île de beauté. En 1350, des populations vivant selon les
préceptes de pauvreté édictés par François d’Assise avaient trouvé refuge au
fond d’une vallée à l’accès difficile de la Corse du Nord pour y pratiquer un
christianisme premier, celui des origines de cette religion. Ces gens furent
accusés de schisme et exterminés par les armées du Pape et les Seigneurs du Sud
de l’île.
En Corse, ces déviants furent
nommés des Giovanalli. En Italie ils étaient des Fratellini. Vous souvenez-vous
du film que Jean-Jacques Annot tira du roman d’Umberto Eco, Le nom de la rose ?
Dans cette vallée retirée ces
Giovanalli avaient construit des tours de défense, des tours carrées dont les
portes d’entrée étaient placées à 2, 50 m au moins du sol : tirer
l’échelle qui permettait d’accéder à leur logis leur assurer un abri relatif
pour échapper à leurs tortionnaires.
Dans tous les villages de
cette haute vallée on retrouve de ces tours, habitées encore pour certaines, en
ruine pour quelques-unes.
Le concept sur lequel repose
donc mon exposition est simple : d’une écorce en forme de tour éventrée (
que je vais faire inclure si j’en trouve la possibilité ), mon émoi – et même
mon effroi – a donné lieu à une série de productions de cette écorce sous la
forme d’images transfigurées à partir de photos que j’ai pu en réaliser. Mon
œuvre n’a rien d’historique, l’histoire des Giovanalli étant difficile à
cerner, tant d’auteurs ayant brodé sur cet épisode. Elle n’est que le produit
d’une réaction esthétique.
L’exposition sera accompagnée
de conférences-débats pour présenter non seulement les circonstances de la
naissance de cette œuvre – car l’œuvre ici ne sera pas constituée que par les
images des avatars que j’ai tirées de l’écorce trouvée par hasard, mais
également par les problèmes que pose l’art contemporain actuellement en France.
Par ces conférences, je trouve
le moyen de compléter mon œuvre par le discours si indispensable dans la
création actuelle pour permettre au public d’accéder totalement au sens que je
donne à cette création qui se veut défendre le droit de croire ou de ne pas
croire.
Si vous avez des questions à
poser, utilisez les commentaires.
Jorgi